Claude Mac Duff, La Mort… de toutes façons (SF)
Claude Mac Duff
La Mort… de toutes façons
Montréal, La Presse, 1979, 198 p.
Science Fiction Now ! Je connais bien Claude Mac Duff (tiens, c’est vrai, je connais aussi Sernine, Carpentier mais pas M. J. Thériault… Sigh…). Depuis plus de cinq ans nous faisons équipe dans l’association UFO-QUÉBEC.
Claude est un autre oiseau rare, une autre espèce en voie de disparition : celle de l’enthousiaste ! Toujours prêt à s’emballer (et à mettre le paquet) pour n’importe quel projet, toujours prêt à donner un coup de main et à se dépenser sans compter, parfois au détriment de sa santé.
Claude Mac Duff est connu surtout dans les milieux ufologiques internationaux. Voici qu’il se lance dans l’écriture !
Il y a de ça quelques mois, maintenant, Claude Mac Duff me faisait part de son intention d’écrire un roman. Oh Yeah ? Un de plus qui caressait ce projet. Un de plus ? Que non ! Dans les semaines qui suivirent il se mit au travail et termina son manuscrit, à ma grande surprise dois-je avouer ! Le tout dans le plus grand secret : pas un mot de l’intrigue et interdiction formelle de lire le manuscrit avant publication. Claude a peur de mes « critiques » et se dit, avec raison, que si tout le monde y va de sa petite remarque il finira par laisser tomber son projet, et qu’il ne publiera jamais son livre. Aussi sec il expédie le manuscrit aux éditeurs. Les Éditions La Presse le retiennent pour publication. Claude est bien fier de son coup… Il jubile ! En quelques semaines, le lecteur fidèle de Requiem, l’amateur de SF est devenu romancier !
Le roman, maintenant. « La Mort de toutes façons » est une excellente nouvelle, qu’un auteur encore débutant a transformé en pas trop bon roman ! L’idée est originale mais elle a été développée dans une structure trop lourde. Le personnage principal meurt au moins quinze fois. C’est dix fois de trop ! Le lecteur meurt avant. Mais voilà, Claude est un lyrique, un vrai chanteur d’opéra de la plume (d’ailleurs sa femme s’appelle Carmen) et il a tendance à en mettre, et a en remettre un peu trop… Et c’est là que j’ai été déçu/choqué/outré/révolté (ne rayer aucune mention) car si l’auteur a fait son grand possible, l’éditeur lui est coupable, à mon avis, de négligence, car il y a dans ce livre quelques défauts majeurs qu’un éditeur consciencieux aurait dû voir, puis suggérer des corrections appropriées. Par exemple :
-limiter le nombre de morts violentes (surtout que l’on remet ça après l’explication du mystère)
-dire à l’auteur que 342 points de suspension au lieu de 4 837 c’est tout aussi efficace
-alléger le trop long et trop lourd dialogue entre les deux protagonistes
Bref il aurait fallu procéder à un élagage en règle ce qui aurait eu pour résultat de faire de La Mort de toutes façons, un roman peut-être plus court, mais autrement mieux écrit et plus intéressant pour le lecteur saturé de violence et de morts violentes
Quelques aspects positifs : l’idée, je l’ai dit, qui est bonne, la fin que j’ai trouvée subtile, un post épilogue surprenant, quelques scènes d’action très réussies.
Avec un peu de discipline, l’aide d’un éditeur qui ne soit pas seulement un marchand de livres, moins de points de suspension, de majuscules et de lyrisme, Claude Mac Duff saura nous raconter une histoire divertissante et bien torchée. D’ailleurs, ne croyez pas qu’il va en rester là, le second roman est déjà en route. Et je n’ai toujours aucune idée de l’histoire ! Bien fait !
Petite note le texte sur la jaquette arrière (dont l’esthétique rappelle plutôt une présentation de roman policier que de SF) il est dit « Roman de SF, le deuxième de Claude Mac Duff ». Erreur il s’agit de son deuxième livre, le premier étant Le Procès des soucoupes volantes, une étude sur le phénomène. Y pas de fiction là !
PS. Le Grand Gougou Lubrique fait dire à Claude Mac Duff qu’il a bien apprécié la scène dans le salon de massage. Au poil !
Norbert SPEHNER