Henri Lamoureux, Le Fils du sorcier (SF)
Henri Lamoureux
Le Fils du sorcier
Montréal, Paulines (Jeunesse-Pop, n˚ 45), 1982, 138 p.
Invités par leur grand-mère à passer leurs vacances en Gaspésie, Rébecca et Victor font la connaissance de Bernard, un énigmatique Amérindien qui les tirera d’un mauvais pas durant un orage. Le grand-père de ce jeune homme est sorcier, et leur famille est alliée à Carcajou, animal mystérieux qui semble doué d’intelligence.
Ce qui commençait (jusqu’à la moitié du livre, en fait) comme un roman d’aventure teinté de magie, vire soudain à la SF lorsque le fils du sorcier (fils et petit-fils, ce semble être pareil) emmène ses nouveaux amis dans une caverne où gisent momifiés ses ancêtres : une race d’extraterrestres naufragés sur Terre depuis trente-cinq siècles. Après avoir été les dieux des Grecs, les « Anciens » se sont exilés en Amérique, près du lieu où leur vaisseau attendait le jour du départ : sur un îlot au centre d’un immense lac souterrain.
Le défaut majeur de ce livre et qui à mes yeux le condamne malgré une bonne écriture – c’est son scénario. Hésitant d’abord entre deux genres, le fantastique (avec une cartomancienne et ses prédictions, un sorcier indien et ses légendes, un animal fabuleux) puis la SF (avec entre autres le thème éculé des extraterrestres défiés par les peuples de l’Antiquité), le roman ne brille finalement ni dans l’un ni dans l’autre genre. L’intrigue est lente à démarrer, elle manque de vigueur et de cohérence : l’océanographe qu’on rencontre à quelques reprises durant la première moitié (et que le prologue semblait devoir relier à la suite des événements) disparaît complètement en cours de route. Entre des digressions sur la beauté du pays, de la faune et des forêts, des chapitres entiers consacrés au bavardage, au tourisme et aux anecdotes, l’action se trouve rationnée et sans grande envergure.
L’argument SF est mince, bâti sur l’arbitraire donc très fragile et discutable : pourquoi par exemple a-t-il fallu attendre 3500 ans pour que le vaisseau naufragé puisse repartir, comment se retrouve-t-il en état de marche après tout ce temps ? Ce ne sont que deux parmi plusieurs questions que le lecteur se posera, sans que le récit y apporte la moindre justification.
En somme, une bonne occasion d’économiser cinq dollars, et c’est dommage pour les éditions Paulines.
Alain LORTIE