Pierre Pigeon, L’Ordinateur égaré (SF)
Pierre Pigeon
L’Ordinateur égaré
Montréal, Québec/Amérique, 1985, 171 p.
C’est par le biais du super-ordinateur Onyx que nous rapprochons de la SF ce roman de suspense policier où une famille croyant avoir acheté un simple ordinateur domestique se retrouve aux prises avec l’agence de sécurité d’une redoutable multinationale. Onyx n’occupe pas plus de place qu’un terminal ordinaire mais semble contenir toutes les connaissances du monde, y compris les dates de naissance de toute l’humanité.
Toutefois c’est aussi par le biais d’Onyx que le roman prête flanc à la critique, si l’on oublie certaines maladresses de la narration et des dialogues. Les éléments SF, en effet, n’ont pas ce minimum de vraisemblance qu’un lecteur intelligent est en droit d’attendre, y compris un jeune lecteur. Que l’ordinateur Onyx soit doué de synthèse de parole, qu’il soit en avance, sur le plan de l’intelligence artificielle, at point de se montrer spirituel, on veut bien, mais qu’il « lise les pensées » à l’aide d’un « rayon laser », c’est un peu court. Aucune explication n’est tentée, non plus que pour l’invraisemblable mémoire totale occupant au plus quelques décimètres cubes et réalisée par des techniciens contemporains.
Il ne suffit pas pour un auteur de créer des situations imaginaires ; encore faut-il qu’il ait l’adresse requise pour emmener le lecteur dans son imaginaire – justement en déployant un supplément d’imagination afin de convaincre son lecteur de l’y suivre. Qualifier l’oeuvre de « réalisme fantastique » n’y change pas grand-chose.
Dans la prochaine livraison de cette chronique, nous ferons écho à Les Griffes de l’empire, premier roman de Camille Bouchard (Prix Solaris 1979), qui doit paraître cet automne dans la collection Conquêtes, aux éditions Pierre Tisseyre.
Alain LORTIE