Esther Rochon, le Traversier (Hy)
Esther Rochon
Le Traversier
Montréal, De la Pleine Lune, 1987, 188 p.
Deuxième ouvrage publié chez cet éditeur par notre Grand Prix de la SF et du Fantastique, maintenant Logidisque, bien partie pour un « tour du chapeau ». Après l’excellent, si subtilement dérangeant. Coquillage il s’agit maintenant de neuf nouvelles publiées auparavant dans imagine…, Solaris et… La Vie du rail (en France), nouvelle encore plus remaniée que les autres, et qui constitue pour les lecteurs québécois de SF le seul véritable inédit du recueil. Mais en fait, toutes les nouvelles ont été remaniées, et même si vous les avez déjà lues, comme moi, vous éprouverez un plaisir certain à les retrouver ici. Les exégètes futurs d’Esther Rochon épilogueront peut-être sur la nature des réécritures effectuées ; j’ai eu quant à moi l’impression d’y déceler surtout un plaisir de broder qui constitue une bonne part de ce qu’est l’écriture indépendamment des soucis plus directement utilitaires du récit et de l’histoire… Les nouvelles choisies sont essentiellement celles qui tournent autour du Labyrinthe, pour des raisons d’unité, mais les nouvelles qui ne font pas partie de ce « cycle » semblent pourtant en continuité avec lui – par le ton caractéristique de l’auteure, bien sûr, cette « petite musique » à laquelle se réfèrent les critiques résolument subjectifs et qui n’ont pas forcément là un critère moins valides que d’autres. Alors, la petite musique d’Esther Rochon : une distance secrètement ironique, une vision claire du mal/laid, une faculté étonnante d’y trouver pourtant le bien/beau, et un curieux papillottement des consciences en même temps que du texte…
Élisabeth VONARBURG