André Lebugle, Les Portes secrètes du rêve (Hy)
André Lebugle
Les Portes secrètes du rêve
Montréal, Fides (Mille îles), 1989, 177 p.
En rêve, le jeune Pierre se retrouve par la magie dans la peau d’un alchimiste allemand condamné à mort. La comptable Sophie s’évade de son bureau par une fenêtre peinte sur une toile. Songeuse devant le portrait d’un jeune prince indien, une journaliste se retrouve dans son palais et découvre la vérité sur sa mort tragique. Un jeune peintre est sauvé du suicide par l’apparition de son maître la veille de Noël. Un touriste à Québec se retrouve brièvement au cœur de la bataille des plaines d’Abraham.
Une des nouvelles les plus originales du recueil est « L’Ombre » où un chanteur rock voit son ombre cesser de lui ressembler, puis devenir complètement indépendante. Un des textes les plus cucu ramène le bon vieil enfant venu des étoiles et capable de miracles.
Il y a dans ce recueil une certaine unité thématique, autour du motif du passage : passage dans un autre monde, dans une autre époque, etc., toujours par le rêve, le songe éveillé, la rêverie, l’insomnie, avec pour catalyseur un objet (livre, portrait, peinture). Par contre on note une certaine disparité dans le registre des nouvelles : certaines s’adressent aux pré-adolescents, d’autres sont si naïves et « conte de fée » qu’elles visent les enfants.
Le recueil n’est pas exempt de clichés, du peintre misérable mourant de froid dans sa mansarde, à l’employée souhaitant s’évader de sa petite vie, en passant par toute une série de situations et d’images convenues, parfois assaisonnées de positivisme à la Reader’s Digest ou de pur mélo comme dans les livres qu’on nous donnait en prix dans les années soixante. Le plus cliché des clichés reste le château du comte solitaire, à la porte duquel on va frapper après une panne d’auto dans la lande, avec malédiction séculaire à la clé. Vous croyiez qu’on ne pouvait plus écrire ça ? Apparemment oui. Ceci dit, ce qui est un cliché pour un lecteur adulte le sera moins pour un jeune, qui n’a pas encore tout vu. Mais, quand même…
Alain LORTIE