Louise-Michel Sauriol, S.O.S. Maya (SF)
Louise-Michel Sauriol
S.O.S. Maya
Lasalle, Hurtubise HMH (HMH Jeunesse), 1991 149 p.
Kim, Annie et Sébastien, âgés de douze et treize ans, interceptent un message de détresse sur le dispositif informatique mis au point par ce dernier. Pourquoi pas. Un véhicule, pour lequel le sol s’entrouvre, surgit dans le garage de leur chalet – pourquoi pas – et les emmène, à travers le sous-sol du continent (grâce aux « courants intra-sismiques » jusqu’à une cité maya « à des milliers de kilomètres sous terre ». Pourquoi pas. En réalité, la croûte terrestre n’a que trente kilomètres d’épaisseur sous les continents, et la Terre ne fait que 6 370 km de rayon, mais qu’est-ce qu’une auteure de SF a à foutre de ce genre de détails ?
L’invraisemblance de base est la même que dans le premier roman de cette auteure, Monde 008 sur la Pointe Claire : pourquoi une civilisation plus avancée que la nôtre aurait-elle besoin des ressources de gamins de douze ans, l’un d’entre eux fût-il un petit génie informatique ? Ils en ont sûrement, des génies, pour avoir créé sous terre un vaste écosystème avec l’équivalent d’un soleil, ou pour avoir mis au point des « mini-télésystèmes » pas plus gros que quelques cm3 capables de transmettre une image à 4 000 km de distance et à travers la croûte terrestre, ou des appareils de traduction de la taille d’un écouteur de baladeur. Ils sont même en mesure de se déplacer par la force de la pensée…
Quelques petites incohérences émaillent les grandes – une espèce de géométrie fractale de l’absurde. Ainsi le commandant Fortès (de descendance espagnole) accueille ses jeunes visiteurs en un excellent français, leur cause durant six pages, avant de proposer l’usage d’un appareil de traduction qui lui permettra de poursuivre en maya, « le français [lui] étant très difficile ». Autre aimable exemple : il y a des astronomes, dans cette ville située à des milliers de kilomètres sous terre !
On pourrait remplir une page de la revue simplement en relevant les incohérences et les sottises – pardon, les invraisemblances – que recèle ce roman. Mais à quoi bon ? La SF, c’est n’importe quoi, n’est-ce pas, surtout quand c’est écrit pour les jeunes.
Alain LORTIE