Carmen Marois, Le Piano de Beethoven (Fa)
Carmen Marois
Le Piano de Beethoven
Montréal, Québec/Amérique (jeunesse), 1991, 117 p.
Nos lecteurs doués d’une bonne mémoire se rappelleront L’Amateur d’art, paru en 1985 dans l’éphémère collection « Chroniques de l’Au-delà » aux éditions Le Préambule. Son auteure Carmen Marois a fait en 91 une rentrée du côté de la littérature jeunesse : aux éditions Chouette, elle a publié L’Étrange portrait de famille. Chez Québec/Amérique, elle lance une série, Picotte et Galatée.
Même si elle ne recourt à la magie que par exception, la mère de la petite Galatée est une sorcière – tout comme sa tante et sa grand-mère, du reste, qui ont moins de scrupules à user de leurs pouvoirs. Un peu comme dans Ma Sorcière bien-aimée, mais sans le grand dadais de mari. Quant à Picotte, c’est une chatte, magique elle aussi puisqu’elle change de couleur selon ses humeurs.
Carabine, la mère de Galatée, s’est mis en tête de lui faire apprend le piano, et pas sur n’importe quel instrument, comme l’indique le titre. Une fois le piano sur place, Galatée veut faire apparaître Beethoven lui-même. Mais les formules de Galatée, pour être magiques, ne sont pas au point : elle fait d’abord apparaître un Wagner colérique, puis Méphisto en personne, qui enlève Picotte aux enfers ! Espérant la lui reprendre, Galatée se transporte elle-même… dans un monde sombre où les chenilles se transforment en dragons – c’est du moins ce que fait la chenille Cradock pour l’aider à retrouver sa chatte. Galatée la récupérera sans peine, auprès d’un Méphisto las et pas méchant, dont elle se fera un ami.
Beaucoup de mots dans ce récit, peut-être un peu trop parfois, mais il y a tant de bons mots et de mots d’esprits qu’on aurait tort de s’en plaindre. Comme cette porte qui grogne au lieu de grincer, et menace de « sortir de ses gonds » si on la contrarie… Quelques rappels du Pays des Merveilles d’Alice se mêlent à cette randonnée légère à travers la culture germanique où Faust et Gœthe se disputent une partie d’échecs. Et tout finit par un récital rock où Carabine se fait disputer par sa propre mère, au grand plaisir de Galatée.
La collection Plus a été conçue pour ceux et celles qui apprennent le français dans des écoles d’immersion. Des livres très courts, donc, écrits gros, mais avec des récits qui ne sont pas nécessairement enfantins. La collection est subdivisée en trois tranches d’âges : 9 ans et plus, 13 ans et plus, 16 ans et plus. Le livre de Francine Pelletier, et celui dans lequel se retrouve la nouvelle « Les Deux Maisons » d’Esther Rochon (Le Sourire de la dame de l’image, nouvelles de Madeleine Gagnon et Esther Rochon), figurent dans cette dernière catégorie. Par contre, CH.M.250 K, L’Almanach ensorcelé et La Fresque aux trois démons appartiennent à la tranche intermédiaire.
De façon générale, il s’agit de livres à mi-chemin entre la lecture-loisir et la lecture scolaire, des textes qui ont en réalité la longueur d’une nouvelle. Vingt pages de questions et de jeux sur le vocabulaire constituent, à la fin de chaque livret, le « plus du Plus ».
Alain LORTIE