Daniel Sernine, La Fresque aux trois démons (Fa)
Daniel Sernine
La Fresque aux trois démons
LaSalle, Hurtubise HMH, 1991, 78 p.
« La Fresque aux trois démons » est un texte éprouvé. Paru d’abord dans Requiem en 1978, puis dans le recueil Les Contes de l’ombre en 1979, il a été complètement réécrit deux fois pour paraître en solitaire dans la collection Plus et en bonne compagnie dans Quatre Destins (composé de quatre récits fantastiques).
L’histoire demeure la même, en gros : la cathédrale de Neubourg a besoin d’une fresque représentant le Christ terrassant trois démons. C’est Philippe Frégeau, un peintre au talent un peu particulier, qui a été choisi pour l’exécuter. Mais, comme tous les artistes, il a besoin d’un modèle, une source d’inspiration. Les dessins que lui présente le libraire Jussiave ne le satisfont pas. Il se tourne alors vers un ouvrage maudit que le libraire garde bien caché. Mais ceux qui se moquent des interdits devraient s’attendre à en payer le prix, d’une façon ou d’une autre…
De ce côté, rien n’a été changé. Mais le remaniement du texte a escamoté une intrigue sous-jacente au récit, basée sur la rivalité entre Guillaume Jussiave et la famille de Frégeau, les Davard (détail ajouté dans Quatre Destins, absent de la toute première version). Cela simplifie au maximum la compréhension de l’histoire.
Rien que de très normal : La Fresque aux trois démons est destiné aux jeunes adolescents apprenant le français comme langue seconde. Les caractères sont donc gros, le vocabulaire très simple, la narration au présent, les phrases courtes et le nombre de pages restreint (53 pages de récit, en fait). Et malgré toutes ces caractéristiques propres à la littérature pour enfants, le récit arrive à ne pas être enfantin. Il n’est ni trop simple pour l’intérêt des adolescents, ni trop ardu pour des étudiants dont le français n’est pas la langue maternelle.
La Fresque aux trois démons est un outil pédagogique complet, parvenant à lier l’utile à l’agréable en laissant une plus grande place que de coutume à l’agréable. Après tout, quelle meilleure façon y a-t-il de faire connaissance avec une langue que de se familiariser avec sa littérature ?
Julie MARTEL