Jean-François Somain, Le Baiser des étoiles (SF)
Jean-François Somain
Le Baiser des étoiles
Lasalle, Hurtubise HMH (Plus), 1992, 86 p.
Lorsque les Terriens ont commencé à explorer l’espace et à s’y établir, ils se sont retrouvés face à face avec les Nodars, une civilisation extraterrestre aussi évoluée que la leur. Mais avec eux, pas question de fraterniser, d’apprendre à se connaître. Les échanges se bornent à du troc de marchandises et à quelques escarmouches. Car si les Nodars ne font pas la guerre ouvertement aux Terriens, ils enlèvent parfois des gens, qu’on retrouve toujours morts. Les femmes, elles, sont retrouvées éventrées. Alors chacun reste de son côté.
Mais un jour, une capsule nodare est repérée dans l’espace, émettant des signaux de détresse terriens. La règle est de détruire tous ces engins, au cas où ils renfermeraient un piège. Cette fois pourtant, le commandant Anton fait exception ; à l’intérieur, il trouve une femme, Viana, miraculeusement épargnée par les Nodars, alors que les autres personnes avec qui elle se trouvait ont été tuées.
L’aventure de cette femme intéresse tout le monde. L’armée, les médias. Mais elle-même n’est pas sûre de comprendre ce qui lui est arrivé. Les Nodars l’ont examinée, lui ont fait subir de drôles de tests et l’ont opérée à plusieurs reprises. Pas une partie de son corps n’a échappé à leurs examens et malgré cela, les médecins terriens s’accordent pour dire qu’elle est en parfaite santé. Elle se sent d’ailleurs très bien, mais elle sent aussi que quelque chose en elle est changé. Bizarrement, elle n’en veut pas à ses ravisseurs. Elle les défend même devant les journalistes…
Le mystère plane sur tout le livre et comme l’auteur nous dévoile les indices au compte-gouttes, ce n’est qu’à la fin que tout devient clair. C’est pourquoi on ne peut s’empêcher de lire Le Baiser des étoiles d’un trait, pour savoir ce qui s’est vraiment passé chez les Nodars.
On découvrira que les Nodars vivent et pensent différemment des Terriens, mais que cela ne fait pas forcément d’eux des monstres. Grâce à Viana, qui agit comme lien entre les deux races, on parvient à admettre qu’ils perçoivent la réalité autrement que nous et que ce sont nos préjugés qui compliquent la situation.
Mais pas besoin d’aller jusque dans l’espace pour être confronté à l’incompréhension et aux préjugés raciaux. L’expérience de Viana s’applique aussi aux Terriens que nous sommes… Et c’est, je crois, ce qui fait la force de ce texte : il nous présente une situation juste assez étrangère à notre quotidien pour nous séduire, mais suffisamment familière pour qu’on s’y reconnaisse.
Heureusement pour ceux dont la vitesse de lecture ne permet pas d’assouvir rapidement la curiosité, c’est une histoire courte, ce qui s’explique lorsque l’on sait que la collection Plus est destinée à des jeunes en immersion française.
Julie MARTEL