Charles Montpetit, Copie carbone (SF)
Charles Montpetit
Copie carbone
Montréal, Québec/Amérique (Titan jeunesse 19), 1992, 131 p.
Jocelyne, une jeune avocate spécialisée dans le domaine des arts, reçoit la visite d’Edith Prévost, une artiste moderne affectionnant particulièrement les scandales. Jocelyne ne l’aime pas plus qu’elle n’apprécie ses œuvres, mais Edith a besoin de ses services. Et, pour la convaincre, elle lui fait une démonstration du duplicateur Hauptmann. Cette machine, c’est une sorte de photocopieur en trois dimensions qui produit des moulages en synthex qu’on ne pourrait distinguer de l’original. Si ce n’était du son mat qu’ils produisent lorsqu’on les tapote et de leur fragilité : laissés à l’air libre, ils se désintègrent en trois jours. Mais ce n’est encore qu’un brouillon. Son inventeur désire créer une machine capable de produire des doubles parfaits au moyen d’un traçage moléculaire complet. Pour le monde des arts, ce serait le krach le plus spectaculaire de l’histoire !
Pour des raisons qui lui sont personnelles, Edith Prévost a décidé d’intervenir dans le dossier en mettant à l’épreuve le prototype amélioré lors de sa sortie. Un émir arabe s’est même engagé à acheter l’œuvre soumise à la machine, si jamais elle se révélait impossible à copier. Malheureusement, la sculpture a été volée juste avant que le défi ne puisse avoir lieu. Puisqu’elle était gardée chez l’émir, l’artiste clame qu’il est l’auteur du vol et désire lui intenter un procès.
Cependant, il y a pire que le vol : Edith Prévost l’ignore encore, mais si on ne retrouve pas l’œuvre très rapidement, elle ne pourra « survivre » jusqu’au jour du défi.
Quelle belle façon de faire coïncider la forme et le fond ! En effet, pour une histoire de copie d’œuvre unique, quoi de mieux qu’une réécriture d’une nouvelle déjà publiée ? Bien que ça ne soit mentionné nulle part dans le livre, ce roman est une réécriture de la nouvelle « Nature Morte », parue dans Aurores Boréales 2. Mais les apparences peuvent être trompeuses, car sur un scénario à peu près identique, tout a été changé : les points de vue, le nom des personnages, les informations qu’ils possèdent et même la fin, un peu ! C’est comme une copie en synthex.
Mais une copie qui serait plus intéressante, plus attrayante que l’original. Ne serait-ce qu’à cause de la numérotation des chapitres en « compte à rebours », qui crée un peu plus de suspense et entretient la curiosité jusqu’à la fin. D’ailleurs, même la fin est meilleure, parce qu’elle est moins explicite. Et surtout, les personnages sont plus crédibles dans le roman que dans la nouvelle. C’est peut-être parce que la réécriture nous les montre dans l’action plutôt qu’à travers leurs témoignages, ce qui les rend plus vivants.
En tous cas, vive les copies de qualité ; ça fait de très bons romans !
Julie MARTEL