Bertrand Gauthier, Les Griffes de la pleine lune (Fa)
Bertrand Gauthier
Les Griffes de la pleine lune
Montréal, la courte échelle (Roman Jeunesse), 1993 89 p.
Fallait-il vraiment écrire une suite à Panique au Cimetière ? Après avoir lu le premier épisode des aventures de Mélanie Lapierre, j’espérais au moins que les choses s’étaient améliorées depuis. Hélas, non ! (Si vous en avez la curiosité, relisez la critique de Charles Montpetit dans Solaris 100. Tous ses commentaires s’appliquent aussi bien à la suite…)
Mélanie a décidé de sauver son sauveur malgré sa peur du cimetière. Car Fabien Tranchant est dans une bien mauvaise posture depuis qu’il l’a aidée à s’enfuir. Justin Maccabée, le mort-vivant aux mille qualificatifs ignobles, ne tolère pas les traîtres et son Comité des Griffes de la Mort a planifié une grande fête où Fabien devrait être tué une bonne fois pour toute. Heureusement, il a pu écrire une lettre à Mélanie, ce qui l’a convaincu de se porter à son secours.
Ici, je décroche. Fabien réussit à échapper au Comité des griffes de la mort et à sortir du cimetière (ce qu’il ne peut plus faire à la fin…) pour aller poster une lettre à Mélanie – dont il a obtenu l’adresse Dieu sait comment. Mais ensuite, en prisonnier loyal, il revient dans le cimetière pour se livrer à nouveau aux morts-vivants, puisque Mélanie doit venir le sauver. À moins, évidemment, qu’il n’y ait eu une boîte postale dans le caveau où il était prisonnier…
Dans cette lettre, Fabien apprend à Mélanie qu’il est aux mains des morts-vivants et que, bientôt, il mourra de façon permanente et horrible. Mais il l’avertit de ne surtout pas tenter de l’aider même si c’est à cause d’elle qu’il est dans un tel pétrin ! Il lui dit de ne pas se sentir coupable, qu’il l’aiderait à nouveau n’importe quand, que cette lettre n’est qu’un message d’adieu, pas un appel à l’aide… Petit problème de crédibilité, ici !
La façon dont c’est raconté n’arrange rien. On dirait que, pour Bertrand Gauthier, les événements en eux-mêmes ne sauraient jamais être suffisants pour donner des frissons au lecteur. Il s’est donc donné un mal fou pour qualifier d’ignoble, de sadique, de dégoûtant, de morbide et j’en passe) tout ce qui est du côté des méchants. Et tous ces synonymes dans des phrases courtes, disposées de façon à occuper le plus de place possible (le plus souvent, une par ligne), alternant avec des poèmes tout ce qu’il y a de plus quelconques.
Au bout du compte, Les Griffes de la pleine lune est de la lecture fast food : ça se lit vite, mais c’est plein de calories vides. Et tout ça pourquoi ? Pour apprendre à la fin que ce n’est même pas un vrai roman fantastique et que, si l’on se fie aux dernières phrases, il y aura une autre suite aux aventures de Mélanie Lapierre !
Julie MARTEL