Denis Côté, Je viens du futur (SF)
Denis Côté
Je viens du futur
Saint-Laurent, Pierre Tisseyre (Conquêtes #36), 1993, 134 p.
Denis Côté a retouché les quelques nouvelles qu’il avait publiées entre 1985 et 1987 (en particulier « 1534 », tirée du collectif d’André Carpentier aux Quinze) et en a fait un petit recueil pour jeunes.
L’une d’entre elles avait d’ailleurs été écrite pour jeunes, « La Machine à écrire », dans le numéro spécial jeunesse d’imagine… Les autres supportent tout aussi bien cette réaffectation ; d’autant mieux que les personnages de Denis Côté – adultes ou jeunes – ont toujours été caractérisés par la candeur, la naïveté et le manque de nuance. (On attend d’ailleurs avec impatience de voir comment Côté sera parvenu à faire des personnages de roman adulte convaincants, dans le projet qui l’accapare depuis trois ans et qui prive de fiction inédite ses jeunes fans – lesquels doivent trouver leur idole bien inactive ces temps-ci.)
Cela fait toutefois un recueil assez mince, malgré les cinq préfaces (15 pages au total) auxquelles s’est complu l’auteur – qui aime bien parler de lui-même et cultiver son image. La nouvelle-titre met en scène Côté lui-même, rebaptisé Denis Sôté, qui emmène une adolescente dans sa chambre d’hôtel et lui révèle la source de sa prose, un ordinateur-écrivain. Lui-même déclare venir du futur, même si paradoxalement il fait toujours allusion à ses idoles musicales de jadis. (Côté a toutefois mis à jour certains référents culturels et politiques, en même temps qu’il modifiait certaines dates dans ses textes.)
J’ai mis à la suite Monsieur N’importe qui et Je viens du futur parce que Lazure et Côté partagent les mêmes obsessions, résumables par un seul titre, 1984 d’Orwell, dont « 1534 » est d’ailleurs un digest avoué. Quitte à me répéter, ce genre de préoccupation me paraît suranné. 1984 me semblait enterré depuis 1984, année où tout ce qui pouvait se dire sur le sujet a été dit en d’innombrables colloques et numéros thématiques.
Ces réserves mises à part, les éditions Pierre Tisseyre ont publié là un bon petit recueil – certes bien mieux écrit que celui de Lazure, si moins substantiel – mais on attend le retour de Côté au créneau fantastique/horreur qu’il a (temporairement, espérons-le) abandonné à La Courte Échelle.
Alain LORTIE