Denis Côté, Le Parc aux sortilèges (Fa)
Denis Côté
Le Parc aux sortilèges
Montréal, La Courte Échelle (Jeunesse), 1994, 91 p.
Avec les années, Denis Côté affine son talent jusqu’à une efficacité redoutable. Dès la première phrase, Le Parc aux sortilèges démarre sur les chapeaux de roues : les parents de Maxime ont disparu pendant que lui et ses amis traversaient la Maison des Miroirs, au parc d’attractions. En réalité, ce sont Maxime, Pouce et Jo qui se retrouvent ailleurs, dans un parc semblable mais immense, où la foule est plus dense, sur lequel la nuit est tombée plus vite et où l’on rencontre de vrais « phénomènes de foire » : la plus petite femme du monde, un vendeur de friandises aux allures de faune ou de diable, la gigantesque femme à barbe, un homme à deux têtes.
Puis, Maxime et ses amis comprennent qu’ils doivent accepter trois épreuves s’ils veulent quitter ce monde détraqué. Le hercule de foire, le magicien scieur de femme et la dompteuse de lions se chargeront d’administrer ces épreuves.
Denis Côté livre ici à ses jeunes lecteurs une variation intéressante (quoiqu’un peu courte) sur le thème de la réalité qui dérape dans le décor de cirque d’un parc d’attractions, zone frontière entre le quotidien rassurant et le monde de l’inattendu, de l’impossible, du fantastique dont les parcs d’attraction, surtout le soir nous donnent un aperçu peinturluré et clinquant.
Le roman ne tient malheureusement pas les promesses du départ et la fin m’a paru plutôt faible, comme si l’inspiration n’avait pas été au rendez-vous. Il ne s’agit donc pas du meilleur roman de Côté ; dans la série « Maxime », Les Yeux d’Émeraude restera difficile à surpasser. Mais enfin, un honnête roman de Côté est déjà meilleur que la moyenne de ce qui se publie au Québec en littérature jeunesse.
Et la couverture de Stéphane Poulin ! Le sujet lui donne l’occasion (dans les dessins intérieurs aussi) de donner toute la mesure de son talent. Poulin peut être considéré comme le meilleur des illustrateurs de la courte échelle, et cette couverture-là se classe aisément comme sa plus belle.
À signaler aussi, du même auteur, la réédition de L’Invisible Puissance (Jeunesse-Pop, 1984) à la courte échelle (collection Roman +) sous le titre Descente aux enfers, avec mise à jour des référents socioculturels et peaufinage de l’écriture.
Au chapitre des rééditons, il convient de souligner que Le Cercle violet de Daniel Sernine, paru la même année, vient d’être réédité en format de poche dans sa collection d’origine, Conquêtes, aux éditions Pierre Tisseyre.
Alain LORTIE