Esther Rochon, Coquillage (Hy)
Esther Rochon
Coquillage
Montréal, de la Pleine Lune, 1986, 145 p.
« Moi, le monstre-nautile, j’ai aimé beaucoup de gens, mais aucun comme Thrassl. »
Amour trouble, souterrain, tentaculaire, qui imprègne l’atmosphère de cet étonnant roman d’Esther Rochon. Amour, fait de désir et de répugnance, d’idéal et d’abjection, qui finit par corrompre tous les personnages du roman… et même le lecteur. Celui-ci se surprend à rêver aux caresses du nautile, à imaginer ses jeux sensuels et pervers. Lui aussi voudrait habiter le coquillage géant où Thrassl et son fils François Drexel vivent une expérience unique de séduction et de douleur.
Car cet amour a un prix. L’obsession pour le nautile dévore Thrassl. Il dégénère, prend du ventre, devient laid et mou, victime de son propre appétit. Lentement le nautile prend possession de son bien-aîmé, obtenant de lui l’abandon total qu’exige la passion… d’un monstre. Or cette passion a aussi un visage humain. Les liens complexes qui unissent Xunmil, Irène, Thrassl et François Drexel en témoignent. Tous subissent cependant l’influence du nautile, et en particulier François Drexel qui l’appelle au seuil de la mort.
Esther Rochon nous offre ici de la SF en nuances, suivant un rythme intérieur et une vision du monde particulière et originale. Coquillage ressemble à une fable aux accents étranges et inquiétants où se révèle la face cachée de l’émotion amoureuse.
…Sur la plage de Venir Voidivane, le coquillage millénaire demeure. Le livre refermé, il distille encore son histoire à la manière d’une chanson sans cesse répétée. Histoire qui séduit, dérange, surprend. Un très beau livre.
Marc SÉVIGNY