Camille Bouchard, L’Empire chagrin (SF)
Camille Bouchard
L’Empire chagrin
Saint-Lambert, Héritage (Échos), 1991, 194 p.
Si l’on se fie aux premières pages, le roman promet d’être une banale histoire d’amour sur fond de planètes étrangères et d’étoiles lointaines.
Mais dès qu’on tourne la page et qu’on poursuit la lecture, un récit complexe se profile et nous met en appétit.
Cependant ce n’est pas L’Empire chagrin qui nous l’offre : pour satisfaire notre curiosité de lecteur, il faudrait nous tourner vers le roman Les Griffes de l’Empire, première partie de l’histoire de l’humanité.
Malgré tout, et à condition de résister à la curiosité, il est possible de se contenter du prologue comme résumé et de poursuivre la lecture du livre avec la première époque de la vie de Qémaël. Apparemment, Qémaël est un petit garçon ordinaire qui vit avec sa mère adoptive et qui n’a pour tout compagnon que son oncle Barille et sa cousine Vanelle. Sauf que les garçons ordinaires n’ont pas à se défendre contre des hommes en toges brunes qui désirent les tuer ! Et les garçons ordinaires ne bénéficient pas d’une éducation privilégiée en semi-captivité… Alors qui est vraiment Qémaël ?
À la deuxième époque de sa vie, il éprouve un besoin pressant de liberté et une envie folle de retrouver sa cousine Vanelle, qu’il aime tendrement. Alors, lorsque l’occasion se présente, il s’enfuit avec un subdistanciel, enlève Vanelle de son Conservatoire de danse classique et fonce avec elle en direction d’une planète qu’ils ne connaissent pas encore.
C’est là que tout commence vraiment. Parce que c’est sur cette planète qu’ils rencontrent les Frères de la Seconde Rédemption et que Qémaël reçoit une mission à accomplir… dans le futur. C’est sur cette planète que se joue son destin et celui de l’Empire, même si lui-même ne le sait pas.
Car Qémaël est un personnage important et à son destin sont mêlés divers intervenants, dont l’Empereur lui-même, le Saint-Vivant, sauveur de l’humanité, le Logeur Pourpre, chef des Frères de la Seconde Rédemption.
C’est un roman impressionnant, qui tient en haleine tout au long de ses 194 pages. Au début, c’est si complexe qu’on doute de jamais arriver à y comprendre quoi que ce soit ! Mais peu à peu, des réponses nous sont données et certains détails deviennent plus clairs, des soupçons surgissent en même temps que d’autres questions.
Et malgré notre perspicacité de lecteur bien entraîné, l’intrigue demeure obscure jusqu’à la toute fin et un point d’interrogation troublant persiste jusqu’à la dernière page. Toutes les possibilités sont plausibles et risquent de se produire. Mais, forcément, c’est la moins inattendue qui triomphe pour nous laisser hébétés.
L’Empire Chagrin se termine sur un recommencement à la fois amer et réconfortant, que le lecteur espère et redoute à la fois. Lorsqu’il ferme le livre, il espère en lire un jour la suite.
Julie MARTEL