Daniel Sernine, Organisation Argus (SF)
Daniel Sernine
Organisation Argus
Montréal, Pauline (Jeunesse-Pop, No. 38), 1979, 113 p.
Norbert Spehner, dans le no 30 de Solaris, avançait que ce titre avait été imposé par l’éditeur. Information prise, il a plutôt été choisi par l’auteur. Ce que l’éditeur avait demandé, c’était de trouver un autre titre que celui, provisoire, que Sernine avait d’abord donné à son manuscrit. Ceux qui observent la Terre était en effet un peu trop long pour le profil de la collection.
Travaillant de concert avec son oncle, Marc se voit confier par ce dernier tout le secret de son œuvre scientifique. Seul après la mort du savant, le garçon se trouve pris à partie par des agents gouvernementaux qui veulent lui extorquer les microfilms. Mais voici qu’intervient l’ami, Carl, un de « ceux qui observent la Terre ».
L’auteur prend soin de ne pas s’aventurer dans la veine des gadgets interplanétaires. Il préfère s’en tenir à quelques notions simples d’innovations scientifiques inconnues de notre science actuelle. Il expose assez clairement d’ailleurs le comment et le pourquoi de chacune d’elles et l’on sent un souci honnête de s’adapter au public auquel il s’adresse, encore que ce ne soit pas toujours facile.
L’action d’abord lente, trop peut-être, se réveille enfin en nous apportant plus de péripéties, auxquelles la littérature de SF en général nous a habitués. En fait, le livre contient quelques longueurs qui laisseront peut-être le jeune lecteur en peine de suspense. On peut se demander s’il n’eût pas été préférable de s’en tenir à une simple nouvelle pour une pareille intrigue.
Reste qu’il faut souligner la participation intéressante des personnages et le contexte sociopolitique assez familier dans lequel ils évoluent, qui constituent en partie l’originalité du livre.
Il est possible que paraisse à l’automne, dans la même collection, un deuxième livre de Daniel Sernine, Le Trésor du scorpion, un récit d’aventures qui se passerait en Nouvelle France et qui aborderait, par la bande, le thème de la sorcellerie qui fait l’objet de certains de ses contes fantastiques.
Les éditions Paulines publient depuis plusieurs années un magazine pour jeunes, Vidéo-Presse. Abondamment illustré, il présente des articles et des chroniques sur les sujets les plus variés, sciences, culture, voyages, loisir, lectures, BD, rubriques diverses. Le dernier numéro de ce mensuel, celui de mars, offrait un article sur la science-fiction, signé Pierre Bellemare.
C’est un texte fort discutable et c’est ce qui fait que nous en parlons ici. À côté d’un survol historique et d’un résumé des thèmes, fort corrects, l’auteur avance des notions tout à fait contestables. Passons sur des erreurs dans l’orthographe des noms d’écrivains ou sur quelques jugements assez gros. Mais de citer l’heroic fantasy comme étant un genre SF (l’auteur parle entre autres de Tolkien) et de faire un rapprochement semblable du côté du fantastique (avec mention de Jean Ray), c’est pour le moins téméraire. Cela risque surtout de susciter chez le lecteur une déplorable confusion des genres. Certes, présenter la SF en deux pages contraint à rester dans le général et l’incomplet, mais cela ne l’autorise pas à livrer une information inexacte. Et le fait de s’adresser à des jeunes ne le dispense pas de faire des nuances capitales, comme de dissocier Tolkien de la SF.
Du côté québécois, l’auteur expédie en six lignes la SF locale et démontre une inexcusable ignorance du domaine, à preuve ces quelques lignes par lesquelles il conclut son article : « Il vaut cependant la peine de mentionner les revues Odyssée et imagine… » Il serait peut-être bon de lui offrir un abonnement à la sixième année de Solaris, sans oublier PTBDGA, et de lui recommander un perfectionnement en géographie.
La présente critique ne vaut que pour cet article en particulier et ne se veut nullement un jugement général sur la revue Vidéo-Presse, qui ne relève pas de notre propos et nous semble par ailleurs très valable.
Luc BERNIER