Jean-Pierre Guillet, Le Paradis perdu (SF)
Jean-Pierre Guillet
Le Paradis perdu
Saint-Lambert, Héritage (Échos), 1991, 118 p.
Ce n’est pas un avenir bien agréable que nous présente Jean-Pierre Guillet. La Terre du vingt-deuxième siècle est technologiquement très avancée, mais surpeuplée et polluée. Les humains ne voient ni le soleil, ni la lune, ni les étoiles, à cause du smog. Ils doivent porter une combinaison anti-pollution pour sortir à l’extérieur des bâtiments. C’est là le sort des humains et ils s’en accommodent tant bien que mal, n’ayant plus que de rares témoignages vidéo de ce qu’était la planète avant leur époque.
Rojean est comme tous les autres : il ne se plaint pas. Scientifique travaillant à la Cité universitaire des Biotechnologies, il a la chance d’avoir un emploi, une mère qui l’aime tendrement et qui lui fait pousser de vraies tomates dans son appartement, et une amie, Noémie, étudiante étrangère pour qui la vie loin de chez elle n’est pas facile.
Pourtant, Rojean n’est pas destiné à vivre une vie toute simple. Lorsque des souris et des virus reviennent de l’espace et que le professeur Hardy, responsable de l’expérience et patron de Rojean, le charge de les examiner, c’est toute la vie du jeune scientifique qui s’en trouve bouleversée, surtout quand les militaires s’en mêlent.
Pas encourageant comme perspective d’avenir, c’est vrai, mais tout à fait plausible. Le Paradis perdu est une histoire merveilleusement bien construite, surtout pour ceux et celles qui sont tout à fait ignares, côté science ! Mais il n’y a pas que la science dans ce roman, même si elle en est le centre. Il n’y a pas beaucoup d’action, rien du genre bataille interstellaire ou espionnage scientifique, pas de suspense. Mais l’amour et la haine, la confiance et la méfiance, la jalousie et la peur y sont très présents. Bref, c’est complet côté sentiments. Et puis surtout, la fin est tout à fait déconcertante il ne faut pas chercher à l’expliquer rationnellement, on s’y perdrait !
Il est vrai que c’est un peu facile comme dénouement, mais ce n’est pas une mauvaise fin. Et, en y réfléchissant un peu, on en vient à la conclusion que c’était sans doute la seule façon de terminer l’histoire, puisque chaque page nous y amène doucement, nous y prépare, nous la fait accepter sans brusquerie. Le Paradis perdu n’a rien, mais absolument rien de brutal !
Julie MARTEL