Joël Champetier, Le Voyage de la sylvanelle (Fy)
Joël Champetier
Le Voyage de la sylvanelle
Montréal, Paulines (Jeunesse-Pop 88), 1993, 160 p.
Difficile d’évaluer ce roman-ci. Pas parce qu’il est l’œuvre de notre rédac’chef, non, mais parce qu’il s’agit à nouveau d’une aventure à suivre, laissée incomplète.
Là s’arrête la ressemblance avec le double précédent de l’écrivain, néanmoins. Dans La Requête de Barrad et La Prisonnière de Barrad, les intrigues foisonnaient et le tome 1 se terminait sur un suspense inquiétant. Or, même si tous les personnages sont ici de retour, ils ne font cette fois qu’aider une amie à traverser la mer Géante, car elle s’ennuie de son peuple, qui vit sur la rive opposée. Une tempête séparera bien les membres de l’équipage en cours de route, mais cela n’empêchera pas les deux groupes d’arriver à bon port – mission accomplie.
Ah bon.
Remarquez, je simplifie. Pour meubler un peu le dernier tiers du livre, il y a, d’un côté, une attaque de pirates avortée, et de l’autre, une tentative de séduction contrecarrée. Mais ces brefs interludes n’affectent en rien le cours du récit. Quant à la seule personne qui diffère des êtres humains, c’est-à-dire la sylvanelle du titre, elle pourrait être remplacée par une planche à repasser, tant son rôle est limité.
Tout cela n’est pas un problème en soi, il est vrai. J’insiste là-dessus afin de ne pas passer pour ronchonneur à qui rien ne plaît : le livre n’est pas mauvais, il est même au-dessus de la moyenne. Qui sait, l’auteur ne cherche peut-être qu’à jeter les bases d’une longue épopée de style new age, en rompant avec la créativité rythmée que nous lui connaissions. Et bien sûr, d’excellents livres ont déjà été écrits à partir de synopsis plus minces. Mais en général, il revient alors aux protagonistes de nous fasciner, au décor de nous émerveiller, ou à la narration de nous étonner. De ce côté, cependant, Champetier se contente d’être compétent, sans plus. L’histoire est plaisante et se lit d’une traite, sans le moindre accroc (ce qui est déjà beaucoup), mais elle ne comporte rien de neuf, de troublant, ou même de bien touchant.
Que ce soit en termes de fantasy ou d’aventures, donc, ça manque d’épices. Et comme la maison d’édition n’indique pas où mène ce voyage, le public devrait peut-être attendre plus de précisions avant de monter à bord [N. D. L. R. : renseignements pris, il s’agira d’un roman en deux volumes, comme Barrad].
Charles MONTPETIT