Johanne Massé, De l’autre côté de l’avenir (SF)
Johanne Massé
De l’autre côté de l’avenir
Montréal, Paulines, 1985, 102 p.
Au cours d’une table ronde sur la littérature de jeunesse, tenue dans le cadre du Congrès Boréal 84, nous avions été amenés à parler du problème du renouveau formel dans les romans de SF pour jeunes. La fonction d’un tel type de roman est-elle de renouveler le genre SF ou plutôt d’offrir une bonne histoire de dépaysement ? Johanne Massé, dans son premier roman, De l’autre côté de l’avenir, répond à sa manière à cette question. Elle opte pour la bonne histoire dramatique, à la trame serrée où elle ne manque pas d’inscrire les principales préoccupations écolo-pacifiques de l’heure. De quoi plaire justement aux jeunes qui ne recherchent sûrement pas le novum dans l’écriture expérimentale (à moins que je ne m’abuse), mais dans l’évocation d’un monde différent, monde qui, au surplus, donne à réfléchir de par son statut même d’univers différencié.
De l’autre côté de l’avenir, comme son titre l’indique, est un récit de voyage dans le temps. On y retrouve tous les ingrédients du roman d’aventures : plongée dans un espace et un temps autres, rencontre avec des êtres différents/semblables, quête menant, après maints obstacles, à une reconnaissance. Il s’articule autour des motifs de la guerre nucléaire (embrayeur narratif sous-tendant explicitement la folie des hommes) et des mutations planétaires qui s’ensuivent. Le récit cherche à instaurer une continuité, donc une sorte d’optimisme, dans un monde catastrophé.
Johanne Massé a visiblement le sens du suspense. Elle sait retenir les fils de l’intrigue et entrecroiser les séquences narratives. Dans les deux derniers chapitres toutefois (deux sur treize), le récit m’a semblé manquer de souffle. Est-ce parce qu’on en sait déjà trop ? Le lecteur devine facilement comment tout ça va finir, et les tremblements de terre ne changent pas grand-chose à l’affaire. Enfin, l’épilogue, à mon avis, est carrément de trop. Il reste que pour un premier roman, Johanne Massé s’est fort bien tirée d’affaire. Son sens du récit d’aventures, appuyé par une écriture propre, sobre et vive, me semble de nature à captiver les jeunes les plus rébarbatifs à la lecture.
Michel LORD