David Bergeron, Pandémonium Cité (Fa)
David Bergeron
Pandémonium Cité
Montréal, Les 400 coups (Coups de tête, 40), 2011, 144 p.
« Une loge occulte, des serviteurs du mal, des chèvres et un nécromancien. Des hommes mauvais se sont rassemblés au cœur de la cité afin de créer un cirque clandestin de profanation et d’idolâtrie… »
De retour à Montréal après un long séjour en Europe, Philippe Moreau est confronté à une ville où des événements étranges se déroulent au quotidien : la ville est prise pour cible par un groupe de cultistes. Quelque chose d’improbable est en préparation. Avec son ami Vlad, un ancien de la guerre des Balkans, lui-même accompagné de Kiki, son Akita américain, Philippe plonge aux racines du mal en infiltrant la conspiration satanique.
Sur un canevas assez convenu, David Bergeron a écrit un roman qui renoue avec la mission originale de la collection Coups de tête : un court roman punché, urbain, dont le but est de fournir quatre-vingt-dix minutes de pur divertissement. En effet, depuis plusieurs mois, Coups de tête tente la voie du gros roman de plusieurs centaines de pages. Quant à moi, je salue ce retour à la source.
Au-delà de cette considération de politique éditoriale, il faut souligner que ce roman est d’une lecture facile et tout à fait agréable de bout en bout. Le trio de personnages principaux est particulièrement réussi, sympathique, crédible, avec une substance non-négligeable. Philippe Moreau, Vlad et Kiki (un personnage à part entière, mais muet) mènent l’action rondement ; le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. Bergeron maîtrise l’art du dialogue naturel, généralement empreint d’un laconisme typique de l’amitié virile. Je m’en voudrais de ne pas souligner la manière absolument magistrale avec laquelle l’auteur dépeint le ciel orageux de Montréal, la pluie qui tombe, les nuages maléfiques et les orages qui battent le pavé. C’est évocateur et visuel.
Je n’ai que deux bémols, somme toute assez peu importants. En premier lieu, l’auteur n’hésite pas à recourir à des trucs assez éculés pour faire avancer l’histoire ou pour livrer de l’information sur ses tenants et aboutissants, on n’en aura pour preuve cette discussion philosophique très fashion autour d’une infusion de thé au jasmin entre Philippe et son bourreau. Plutôt moyen et déjà vu.
L’autre bémol concerne les intercalaires se déroulant dans Pandémonium Cité elle-même et qui relèvent d’un surnaturel de pacotille. Ces intercalaires détonnent sur l’ensemble du roman par leur ton grinçant, à la symbolique oniro-psychologique, entre autre parce qu’ils font une large place assez gratuite aux actualités politiques courantes. La drôlerie et les aspects bouffons du jugement dernier sont en porte-à-faux avec la tonalité générale du roman. Rien de rédhibitoire, mais ce lecteur-ci aurait préféré un resserrement. Disons que ces intercalaires ne sont pas ce que l’auteur a mieux réussis.
Reste que Pandémonium Cité est un roman qui n’a d’autre prétention que de divertir. Promesse tenue. Recommandé.
Richard TREMBLAY