Horrifique 87
Horrifique 87 : « Femmes de l’étrange 13 »
Jonquière, Horrifique Vol. 20 no 1, janvier 2013, 70 p.
horrifique.tripod.com
Il y a longtemps que nous n’avons pas parlé d’Horrifique. Non seulement existe-t-il toujours, mais il vient de fêter ses vingt ans d’existence. Pour un fanzine québécois spécialisé dans l’horreur, c’est un exploit ! L’éditeur, André « Oncle Cthandré » Lejeune, en a profité pour se lancer un défi : publier un numéro tous les mois pendant un an, dont plusieurs autres spéciaux « Femmes de l’étrange ».
Je devrais en vouloir à Oncle Cthandré. J’ai commencé la lecture de son fanzine lors d’une nuit d’insomnie. Même lorsque le sommeil tant attendu s’est pointé, je n’ai pu me résoudre à dormir avant d’avoir tout lu, tant les six nouvelles du numéro 87 m’intriguaient ou m’amusaient. Les thèmes sont variés ; les types de fantastique aussi : humour noir, insolite, gore et même érotisme tordu… Le ton se fait parfois léger, à d’autres moments glauques ou poignant.
Le niveau d’écriture varie considérablement, ce qui est normal quand on place côte à côte des auteures chevronnées et d’autres qui en sont à leurs premières gammes. Mais même les novices s’en tirent bien.
Les auteures sont québecoise, péruvienne et françaises. Séréna Gentilhomme, qui n’est pas inconnue de nos lecteurs, nous offre une « Histoire charnelle » dans laquelle un couple d’anciennes stars du cinéma se réunit pour un dernier film aux accents tragiques. C’est là que l’humour noir et diabolique triomphe… à mon grand plaisir !
La Montréalaise Daphné Therrien nous présente « Le Cas SW-260397 ». Dans ce texte, une bonne ambiance et un personnage principal intéressant nous font oublier une intrigue un peu simple et quelques maladresses : un embaumeur n’est pas un médecin praticien… Mais pareille qualité d’écriture chez une auteure de vingt-deux ans augure bien pour le futur.
« Les Marionnettistes » de la Française Catherine Loiseau met en place une histoire intéressante sur des êtres capables de contrôler les agissements des autres. J’aurais aimé que l’auteure élabore un peu plus, mais la chute est inattendue et intéressante.
Péruvienne résidant à Helsinki, Tanya Tynjâlä nous sert une histoire de poupée très mal intentionnée dans « Ma petite sœur » : un thème classique bien utilisé avec une chute amenée de façon élégante.
Dans « Le Bâtisseur », de Léa Silva, un préposé aux bénéficiaires antipathique qui tourmente un vieux patient en prend pour son rhume… Jouissif pour moi qui ai travaillé dix ans en foyer de gériatrie et ai dû côtoyer ce type d’individu.
La dernière nouvelle est particulièrement tordue et, conséquemment, m’a beaucoup plu. D’après sa notice biographique, l’auteure Morgane Caussarieu souhaite éloigner ses histoires de vampires du style bit-lit. Dieu la bénisse ! Et elle y réussit très bien dans sa nouvelle « La Morsure de l’ange ».
Point de vue illustrations, Horrifique va du très fanzinesque au professionnel. Cet aspect serait à améliorer, mais quelques illustrations, dont celle de Sybiline, font bonne figure au travers.
Bref, j’ai passé un bon moment (et, finalement, une bonne nuit !) et je suis curieuse de voir ce qu’Horrifique nous réserve pour le futur…
Valérie BÉDARD