Claude Janelle (dir.), L’Année 1995 de la science-fiction et du fantastique québécois
Claude Janelle (dir.)
L’Année 1995 de la science-fiction et du fantastique québécois
Lévis, Alire, 2015, 249 p.
C’est en 1985 qu’est paru le premier tome de L’Année de la science-fiction et du fantastique québécois, aussi connue sous l’acronyme ASFFQ. Sous la direction de Claude Janelle, une équipe de rédaction recense la production en littératures de l’imaginaire pour une année donnée. On y retrouve des commentaires critiques pour chaque œuvre (roman, nouvelle, recueil, pièce de théâtre) parue ainsi qu’une liste exhaustive des numéros de revues et fanzines publiés au cours de l’année recensée. Une annexe portant sur la recension des essais et analyses publiées en ouvrages ou dans des périodiques est aussi incluse. Bref, l’ASFFQ est un outil de recherche et de recension inestimable.
L’Année 1995 de la science-fiction et du fantastique québécois couvre une période importante de la production. D’une part, parce qu’elle s’intéresse à la période du deuxième référendum sur l’indépendance du Québec, l’un des événements politiques majeurs de la fin du XXe siècle au Québec. D’autre part, comme l’indique Claude Janelle dans son introduction, parce que « […] la production de l’année 1995 marque un changement de paradigme dans l’histoire récente de la science-fiction et du fantastique au Québec ». Ce « changement de paradigme » concerne la production romanesque qui atteint un sommet et annonce ainsi une transition de la nouvelle vers le roman.
Ce nouveau tome de l’ASFFQ nous propose des recensions de Lucie Arseneault, Francine Bordeleau, Mariane Cayer, Stéphanie Durand, Ariane Gélinas, Marc Ross Gaudreault, Claude Janelle, Isabelle Lamontagne, Marie-Ève Laroche, Yves Meynard, Jonathan Reynolds, Daniel Sernine, Nicholas Serruys, Jean-Louis Trudel et Guillaume Voisine. D’emblée, mentionnons qu’une brève présentation des membres du comité de rédaction aurait été appréciée. Bien que plusieurs noms soient familiers pour les amateurs de SFFQ, que ce soit à titre de critiques, de chroniqueurs ou encore d’écrivains, certains d’entre eux ne le sont pas, et il aurait été intéressant de connaître un peu leur pedigree.
La grande majorité des commentaires critiques sont bien écrits et proposent une lecture à la fois objective et personnelle de l’œuvre présentée. Le ton varie de l’académique au plus léger et la critique elle-même passe du dithyrambique à l’assassine. Il n’y a que quelques rares exceptions où l’auteur(e) a adopté un ton résolument savant, ce qui a parfois pour effet de perdre le lecteur, particulièrement si celui-ci ne connaît pas l’œuvre abordée. Notons également quelques maladresses syntaxiques et orthographiques qui accrochent quelque peu, sans toutefois être fréquentes.
De manière générale, L’Année 1995 de la science-fiction et du fantastique québécois s’avère un ouvrage incontournable et inestimable. Claude Janelle fait montre d’une rigueur monastique dans la recherche des textes éligibles à cette recension, et ses collaborateurs nous permettre de mieux appréhender la production de ces genres pour l’année 1995. On se surprend à tourner les pages sans prendre le temps de s’arrêter, comme si c’est un roman qu’on avait entre les mains et non pas un ouvrage de recension. De plus, certaines pépites font sourire, que ce soit en raison de leur auteur (quelle ne fut pas ma surprise de voir le nom de Jean-René Dufort apparaître dans cet ouvrage !) ou encore par l’originalité du thème ou de son traitement. Bref, ce livre constitue à la fois un outil pour les chercheurs et une porte d’entrée pour l’amateur. Un incontournable pour toute bibliothèque SFFQ qui se respecte !
Pierre-Alexandre BONIN