M. V. Fontaine, De dieux et de monstres (Amblystome -4) (SF)
M.V. Fontaine
De dieux et de monstres (Amblystome -4)
Montréal, Québec Amérique (Tous continents), 2016, 616 p.
Après les péripéties et les nombreuses révélations au cœur du troisième tome, M.V. Fontaine poursuit et conclut le périple des nombreux personnages de la série Amblystome avec un quatrième volume riche en émotions. Alors que la traqueuse Flora et les membres de son équipée sont finalement parvenus à Winnipeg, non sans un lot d’embûches, ils devront vite migrer vers l’ouest en direction de Calgary, là où se situe la voûte, l’endroit même où s’est déroulé l’Événement cent ans plus tôt. Plus que jamais, le passé rattrape Kerwick, bouleversé par une rencontre imprévue sur la route vers les Rocheuses.
De son côté, Minéra, aidée de Kingston, mène la bataille contre Uthmer. Grâce à ses capacités de guérisseuse, elle deviendra un atout majeur au sein de la révolution qui se prépare. Les alliances sont dorénavant menacées par l’hostilité d’un monde où règne la loi du plus fort. Bien qu’un avenir sombre semble se dessiner, tous devront affronter ce qui sommeille depuis un certain temps : un nouvel Événement est sur le point de se produire…
Avec De dieux et de monstres, Fontaine lève le voile sur l’Événement qui s’est produit en 2053. Bien que les révélations sur l’existence de la néo-flore et des néo-animaux apparaissent convenues dans ses premières lignes, il n’en demeure pas moins qu’elles s’avèrent cohérentes dans l’univers de l’œuvre et intégrées de façon à ne pas les rendre plaquées. Le thème au cœur de l’Événement est abordé avec fraîcheur, ce qui renouvelle un sujet exploité ailleurs. Sur ce plan, le quatrième tome d’Amblystome se révèle une sacrée réussite, tout comme sur celui des personnages qui, depuis le premier volume, auront su évoluer de manière à ressortir grandis de leur périple. On sent d’ailleurs que l’auteure — puisque l’on sait dorénavant qu’il s’agit d’une femme — a également progressé au cours de sa propre aventure littéraire, car le style de ce dernier volume est plus mature et plus maîtrisé, les ruptures de ton des précédents ouvrages s’étant peu à peu dissipées. Sans trop en dévoiler, je me permets de mentionner comme exemple une scène dans les premières pages du roman où Kerwick retrouve certains membres de l’expédition qui se sont rendus à la voûte en 2053 : écrite avec doigté, elle véhicule des émotions qui ne nous laissent pas indifférents.
On sent par contre une baisse de régime au deuxième quart du livre, mais ce rythme plus lent sert à mettre la table pour l’explosion d’action et de moments déterminants qui surviennent par la suite. J’ai également quelques réserves concernant certaines histoires d’amour qui m’ont paru parfois moins crédibles, sans parler qu’elles monopolisaient beaucoup d’espace pour finalement avoir peu de répercussions. Le tout s’améliore en fin de ligne, surtout grâce à l’absence de manichéisme d’une œuvre qui évite le piège d’un dénouement versant dans le mélodrame.
Ces bémols, en revanche, ne constituent que des détails. Le style très imagé, les dialogues bien construits, les personnages développés avec minutie et l’univers resté cohérent d’un bout à l’autre font du quatrième volume d’Amblystome — et de toute la série, par extension — une œuvre de qualité qui mérite d’être lue. Certes, la série est loin de révolutionner le genre — là n’est pas son but de toute manière —, mais elle aura su rester divertissante et conserver un niveau élevé d’écriture du début jusqu’à la fin. Maintenant, pour moi, M.V. Fontaine est synonyme de plaisir de lecture et de grande maîtrise d’exécution, le tout parsemé d’une petite dose de pistes de réflexion. À n’en pas douter, je « traquerai » sa prochaine œuvre les yeux fermés !
Mathieu ARÈS