Nadine Bertholet et Isabelle Lauzon, Allégeances (SF)
Nadine Bertholet et Isabelle Lauzon
Les Clowns vengeurs : Allégeances
Montréal, Porte-Bonheur, 2015, 199 p.
Deloan Cesaro est une nouvelle recrue de l’ordre Odi-Menvatt. Il termine rapidement sa formation et se voit offrir la chance de suivre un menvatt sur le terrain en tant qu’observateur. Mais ce qu’il voit lors de cette première mission le dégoûte profondément et il décide de quitter l’ordre pour se retirer sur un archipel du Sud. À la suite de la mort de son ancien mentor, Deloan rejoint de nouveau les rangs des menvatts, et cette fois, il en gravit les échelons à une vitesse prodigieuse. Il est bien décidé à réformer l’Ordre de l’intérieur. Avner Lornax, quant à lui, est un ancien menvatt, handicapé par une blessure reçue lors d’une mission sur le terrain. Il se verra offrir une seconde chance par Deloan, au sein d’une section secrète. Mensonges, trahisons et faux-semblants forceront Deloan, Lornax et sa nouvelle assistante à choisir soigneusement leurs allégeances, puisqu’une mauvaise décision pourrait leur être fatale…
Deuxième roman de la nouvelle mouture des Clowns vengeurs, Allégeances est indéniablement orienté vers un public adulte, avec une couverture plus sombre, un nombre de pages augmenté et une violence omniprésente et parfois graphique. Premier roman de la série écrit à quatre mains, il constitue une excellente porte d’entrée dans l’univers des Odi-Menvatts et des Arcurides. Chronologiquement, il constitue en effet la première aventure des clowns vengeurs et met en place certains éléments qui ont par la suite été exploités par les autres auteurs de la série dans leurs romans respectifs.
Bertholet et Lauzon parviennent à proposer un roman stylistiquement uniforme. Bien que divisé en deux parties, on ne sent aucune coupe de ton lorsque le texte change d’auteure. Les personnages sont crédibles et solidement campés, ce qui constitue un avantage non négligeable, puisque ce sont leurs motivations qui sont le moteur de l’intrigue. Les descriptions sont nombreuses et précises et amènent le lecteur dans les entrailles de la Quadri-Métropole. La narration est efficace et rythmée et ne comporte aucun temps mort, ce qui donne une lecture difficile à lâcher avant la fin.
Malgré quelques coquilles typographiques et un verbe absent, l’ensemble est très bien écrit et se lit aisément. Le paratexte est utilisé de manière judicieuse pour donner de l’information au lecteur, que ce soit à travers des notes de bas de page, une chronologie en début de roman ou encore un commentaire explicatif des auteures en guise de postface. Si on peut regretter le fait que la progression de Deloan au sein de l’Ordre est largement occultée, Allégeances donne envie de plonger plus avant dans l’univers créé par Michel J. Lévesque et procure, par lui-même, un excellent moment de lecture. Isabelle Lauzon n’en est pas à sa première incursion dans ce monde, puisqu’elle a rédigé L’Univers des clowns vengeurs, un compagnon pour la série. Cette connaissance approfondie des personnages, de la chronologie et des lieux présentés dans l’ensemble des romans transparaît avantageusement dans son propre roman, et Nadine Bertholet a vraisemblablement profité de ce savoir encyclopédique, puisque l’ensemble du roman démontre une belle continuité avec le monde des menvatts.
Bref, voilà une lecture palpitante qu’on a peine à abandonner et qui constitue une porte d’entrée idéale pour un univers littéraire très particulier. Il ne nous reste qu’à espérer que Nadine Bertholet et Isabelle Lauzon n’en soient pas à leur dernière collaboration dans le monde sombre des Odi-Menvatts !
Pierre-Alexandre BONIN