Guy Bergeron, Evelyne est morte (Fa)
Guy Bergeron
Évelyne est morte
Varennes, ADA (Corbeau), 2018, 331 p.
Guy Bergeron s’est d’abord fait connaître avec ses séries de fantasy (La Trilogie de l’orbe, L’Héritière de Ferrolia et Légendes d’Arménis). Depuis, il a touché avec bonheur à la science-fiction (avec Valse macabre, le premier tome des Clowns vengeurs et un de mes préférés de la série) et au roman mythologique (avec les deux tomes des Chroniques de l’Olympe). Avec Évelyne est morte, il change de registre avec un polar fantastique où les apparences sont bien souvent trompeuses.
Tout commence lorsque Simon et Alexandra emménagent dans leur nouvelle résidence de Sainte-Foy. Le jeune couple est emballé par le projet. Même lorsqu’il tombe sur une inscription mystérieuse écrite sept fois au crayon : « Évelyne est morte ». Puis, au fil des semaines, le chat commence à agir bizarrement et Alexandra se met à dépérir.
Lors de la même période, Simon renoue avec Adam, un ami du Cégep devenu policier. Celui-ci est gravement malade et ne tient plus que grâce à un cocktail d’alcool et de drogue. Son état l’a coupé de sa femme et de son fils. Quand il découvre que Simon est pris dans un engrenage infernal, il se fait un devoir d’éclaircir ce mystère.
Évelyne est morte est un roman agréable. Par contre, il fait partie de la catégorie de ces livres qui nous laissent sur notre appétit, car ils ne vont pas au bout de leur potentiel. Ici, le problème vient du premier tiers du roman. L’auteur met du temps (trop) à installer ses personnages et son intrigue. Avec les nombreuses ellipses entre les chapitres, on a l’impression que tout est trop statique. De plus, Simon, qui est le personnage principal dans cette section du livre, manque de substance. Ce problème s’applique à la plupart des protagonistes qui l’entourent. Certains des proches de Simon meurent et, pourtant, l’émotion n’est pas au rendez-vous.
C’est lorsque Adam prend le contrôle de l’histoire en menant son enquête qu’Évelyne est morte prend vraiment son erre d’aller. On retrouve à ce moment l’écriture nerveuse et précise de l’auteur. Les éléments mystérieux sont distillés avec sagesse et le rythme du récit vient happer le lecteur. Dans les meilleurs moments, on a une ambiance qui rappelle Rosemary’s Baby. Les scènes d’action sont particulièrement vivantes. D’ailleurs, l’auteur excelle lorsque le rythme de son récit s’accélère.
Au final, on a un livre satisfaisant, mais qui n’est pas du niveau des meilleurs romans de l’auteur. Une fin plus resserrée et des personnages mieux développés auraient permis de goûter pleinement ce récit classique (avec sorcellerie et pactes démoniaques) qui, malgré tout, ne sombre pas dans la facilité.
Pierre-Luc LAFRANCE