Nicolas Faucher, Les Sarcophages (Ganymède -1) (SF)
Nicolas Faucher
Les Sarcophages (Ganymède -1)
Montréal, Michel Quintin, 2018, 462 p.
Vers la fin du IIe siècle du nouveau calendrier, l’humain est devenu cyborg et jouit d’une longévité exceptionnelle. […] Ganymède, la plus grosse lune de Jupiter, est devenue un cimetière d’astronefs où vivent des ferrailleurs clandestins surnommés les Vautours. Thomas Faucon est l’un d’eux. Lorsqu’un mystérieux conteneur s’écrase près de chez lui, il croit bien avoir touché le gros lot. Il ouvrira plutôt une boîte de Pandore. La cargaison est précieuse et on semble prêt à tout pour récupérer ce qu’elle recèle : une expérience susceptible d’altérer le futur de l’humanité.
Cet alléchant résumé est tiré de la quatrième de couverture du roman Les Sarcophages (Ganymède -1) de l’auteur Nicolas Faucher, publié chez Michel Quintin et présentement finaliste au prix des Horizons imaginaires. Après l’avoir lu, je n’avais qu’une impatience : y plonger !
Malheureusement, les premiers chapitres ont quelque peu refroidi mon enthousiasme. Au lieu de découvrir un cimetière d’astronefs, je me suis retrouvée dans une chambre d’hôtel d’une station orbitale, en compagnie d’une femme d’affaires de haut vol, au lendemain d’une soirée trop arrosée. Une femme qui se rend bientôt compte qu’elle n’est peut-être pas celle qu’elle croit être…
Ce mystère s’épaissit, se résout en partie, on rencontre d’autres personnages, occupés à organiser un déménagement de laboratoire… Et nous voilà, quatorze chapitres plus tard, au tiers du roman, et le Thomas Faucon du résumé a été aperçu à peine trois fois. Pas de trace du fameux conteneur, cependant on devine ce qu’il renfermera. Bref, à ce point de sa lecture, cette lectrice-ci a éprouvé une certaine frustration, une impression profonde d’avoir été flouée et que l’histoire promise ne lui serait jamais contée !
D’autres motifs d’agacement parsèment le roman. Notamment le manque de confiance de l’auteur (ou de son éditeur) envers les néologismes (et les plus-tellement-néo-logismes !). A-t-on encore besoin, en 2019, même dans une histoire destinée à des lecteurs de science-fiction néophytes, de créer un glossaire pour expliquer ce qu’est une IA, un cyborg, un biostimulant ou un exosquelette, surtout lorsque les termes ont déjà été présentés à même le texte ? De plus, un clair parti pris pour la narration chronologique des événements nuit à la tension dramatique. Il nous faut du temps avant de comprendre les liens entre les divers personnages et l’intrigue générale. Résultat : le livre se conclut sans que les faits mentionnés dans le résumé aient connu d’évolution significative.
Cela étant dit, frustration et agacements mis à part, le roman dans son ensemble n’est pas mauvais du tout ! L’écriture est agréable, les personnages sont diversifiés et bien campés (soulignons notamment la présence de deux militaires féminines, d’un descendant d’Haïtiens et d’un(e) hacker androgyne), la science n’est ni négligée ni assommante, l’arrière-monde semble réfléchi et détaillé (quoique je doute de la vraisemblance d’une éventuelle interdiction des androïdes d’apparence humaine), l’intrigue s’annonce complexe et pique notre curiosité…
Dans l’ensemble, Les Sarcophages (Ganymède -1) constitue donc un bon premier tome de série, une histoire où les cyborgs pourraient n’être que les premiers balbutiements du transhumanisme. Reste à voir si les tomes suivants tiendront leurs promesses.
Geneviève BLOUIN