Animae T.1: L’Esprit de Lou, de Roxane Dambre (Fa)
Roxane Dambre
Animae T.1: L’Esprit de Lou
Paris, Le Livre de Poche, 2014, 407 p.
D’un côté, il y a les Chalcrocs, que les humains appellent loup-garou. De l’autre, les Daïerwolfs, race qui peut se transformer à volonté en l’animal de son choix, même si chaque membre en possède un fétiche. Lou, qui fait partie de ces derniers, voit son destin chamboulé le jour où elle rencontre le capitaine Sylvain Levif qui lui offre un poste au sein de la DCRI, les services secrets français. Sa première mission : trouver la créature qui sème la terreur la nuit dans les rues de Paris. Entre une mission suicide et une mère qui joue les marieuses, Lou aura-t-elle la chance de se rapprocher de son beau capitaine ?
Depuis la déferlante Twilight, on a droit à toutes les déclinaisons possibles – hélas pas toujours heureuses – sur le thème du vampire et du loup-garou… Roxane Dambre ajoute sa signature, avec son cycle Animae, dans le genre aussi balisé qu’est celui de la bit-lit. L’Esprit de Lou, premier tome de la série, est un véritable torchon. Je serai succinct, car il y a vraiment trop à dire sur ce roman, à commencer par la relation ridicule entre le prénom du Daïerwolf et son animal fétiche (Camille/Caméléon, Églantine/Aigle, Charles/Chat)… je me demande comment l’auteure se débrouillerait avec « stratiomyidae ».
Dès le premier chapitre, on nage en pleins clichés : l’héroïne est blonde, belle, intelligente et un brin cynique. Et elle a un don incroyablement agaçant pour faire avorter chaque situation trop intense, en nous accablant d’une liste des choses qu’elle devrait faire, penser ou dire. Elle rencontre Sylvain Levif, l’homme beau, musclé et intelligent… dont elle tombe amoureuse en une milliseconde. Le couple a une personnalité aussi intéressante qu’une tapisserie : leurs qualités se limitent à l’apparence physique. Quant à l’ami de Lou, Camille, il change de caractère à peu près tous les chapitres : timoré, il devient rapidement sûr de lui sans aucune explication, puis préfère se fondre dans la masse lorsqu’il y a trop de monde… ce qui contredit la scène où il se promène dans la rue entièrement nu aux côtés de Lou : il ne semble pas avoir sa place dans cette histoire, puisque presque toutes ses apparitions se font dans l’inconscient collectif, sorte de télépathie qui permet à l’auteure de faire avancer son intrigue sans que ses personnages aient besoin de se déplacer. Il fallait y penser !
On se demande bien à quoi servent les capacités des Daïerwolfs, sinon à aider l’auteure à dénouer l’intrigue – un museau de panthère pour découvrir la planque du meurtrier – ou rajouter de l’humour qui ne lève pas – Lou aime faire le cri du canard dans son bain…
Quant à l’intrigue, elle souffre de gros problèmes de logique… y a-t-il eu une direction littéraire? L’issue de l’enquête, expédiée en quelques lignes, est d’autant plus ridicule et les raisons du meurtrier sont totalement saugrenues. Prévisible, le tout est arrosé d’une bonne dose de naïveté. Comme par exemple le recrutement de Lou : un crack informatique a créé un jeu vidéo qui calcule le QI des joueurs. Celui de Lou s’élevant à 190, la DCRI l’engage sans hésitation, car elle pourrait leur être utile.
Le roman ne serait pas si imbuvable si le style n’avait pas été aussi pauvre : « Je m’accrochai au volant. La Clio fit un tour complet sur elle-même avant de réatterrir durement sur ses roues. Ma tête heurta durement l’airbag qui avait jailli. Le moteur cala. Je grondai en essayant de redémarrer. Le moteur toussa et se tut. Je poussai un affreux juron. » (extrait d’une scène d’action page 342) Vous ressentez l’adrénaline? Moi non plus! L’auteure est sur le pilote automatique et ne sait visiblement pas comment captiver son lecteur.
Mon conseil : votre temps de lecture est beaucoup trop précieux pour l’investir dans un tel engourdissement littéraire.
Mathieu ARÈS