Dimension Système Solaire, de Arnaud Pontier (dir.) (SF)
Arnaud Pontier (dir.)
Dimension Système Solaire
Encino (Californie), Black Coat Press/Rivière Blanche, 2014, 396 p.
Cette anthologie succède à The Lowest Heaven (2013), qui incluait le Soleil, la Terre et une comète dans sa revue du Système Solaire. More Adventures on Other Planets (1963) en proposait un abrégé à partir de reprises de périodiques états-uniens et ajoutait la mythique planète Vulcain. En Italie, Roberta Rambelli avait complété le circuit dans ses nouvelles Nove Storie per Nove Planeti (Neuf Histoires pour Neuf Planètes) (1960-61). En Suède, Carl Henner avait réussi le même exploit avec une série de romans pour la jeunesse (1954-61). Isaac Asimov en avait signé six sous le nom de Paul French (1952-58) avant de se lasser. C’est dire que le compilateur de Dimension Système Solaire reprend une vieille idée avec ce volume d’inédits, exhaustif puisqu’il concerne aussi la Lune, la comète de Halley et quelques corps de la Ceinture de Kuiper.
Cette énumération comprend d’abord la Terre avec trois nouvelles, deux d’invasion martienne et un curieux pastiche du mythe sumérien de Gilgamesh et d’Enkidou, qui semblent un peu déplacées dans la mesure où il est difficile de leur reconnaître quelque chose de spécifique à une telle anthologie. Suit la Lune, avec un récit de bagne lunaire installé par la Chine et un autre où notre satellite est un vaisseau spatial conçu pour conquérir notre monde. Puis Mars, avec un prospectus publicitaire pour les touristes à destination d’une planète rouge terraformée et une autre histoire de colonie pénitentiaire remplaçant la Sibérie au bénéfice d’une Russie néo-communiste. Vénus, avec la réussite d’une mission terroriste par des androïdes et l’illustration de la violation d’une loi asimovienne de la robotique, etc., etc.
En tout vingt-neuf textes par autant de francophones, dont seulement quatre féminins, la plupart débutants et inconnus, les autres déjà nantis d’un début de notoriété. L’anthologie fait partie d’une série qui constitue un débouché appréciable pour les jeunes. C’est très bien. Hélas, sans être illisible, leur prose n’est pas marquante et les thèmes sont routiniers. Sans doute manque-t-il des professionnels pour rehausser le niveau. Notons toutefois de rares récits forts ou profonds : « Planète Mère » de Cédric Girard, histoire d’un enfant né en apesanteur dans une station circumjovienne, assistant impuissant à la dérive fatale de sa mère dans le vide, et « L’Hubris » de David Mons, tentative de révolte chez les mineurs des anneaux de Saturne conditionnés pour obéir à leur hiérarchie. Mais cela suffit-il à justifier cette initiative pourtant intéressante ?
Jean-Pierre LAIGLE