Cécile Duquenne et Étienne Barillier, Les Chiens de porcelaine (Les Brigades du Steam -2) (SF)
Cécile Duquenne et Étienne Barillier
Les Chiens de porcelaine (Les Brigades du Steam-2)
Chambéry, Actusf (Les Trois Souhaits), 2022, 322 p.
1912. Deux ans se sont écoulés depuis les événements du premier tome. Solange Chardon de Tonnerre et Auguste Genovesi sont toujours mobilards, défendant la France contre le crime. Si le temps n’a fait que renforcer leur relation mentore-apprenti, ils se connaissent mieux maintenant et sont d’autant plus efficaces. Seule ombre au tableau ? La presse, qui les traque. Le bras mécanique de Solange attire l’attention et les journalistes collent à leurs basques, redoublant d’éloquence dans leurs grands titres. Attention dont Solange se passerait bien, car en plus de devoir gérer les regards sur son bras qui la transforment en une sorte de bête de foire, la magnifique création fait des siennes, la mettant parfois en danger. L’administration affirme ne rien pouvoir faire, ce qui remet en question sa loyauté envers le pays qu’elle sert depuis près de vingt ans. De son côté, Auguste aussi a ses doutes. Cependant, ceux-ci sont davantage tournés vers sa condition de fils d’ouvrier ; alors que la France est secouée par une vague d’attentats anarchistes, est-il vraiment du bon côté, lui qui lutte pour écraser les révoltes causées par les conditions affreuses de travail des ouvriers ?
C’est dans ce contexte que la paire se rend à Limoges où un artisan de la ville pourrait réparer la main mécanique de Solange. Artisan qu’ils trouvent mort, visiblement torturé. Ce qui les mène à une double piste : celle des anarchistes et celle d’une étrange société d’augmentés, ceux qui comme Solange ont vu des parties de leur corps remplacées par des systèmes mécaniques. Qui ment, qui dit vrai, quelles sont les intentions cachées ?
Comme le premier tome, l’action commence au tout début du livre et nous plonge dans une atmosphère de steampunk à la Belle époque, dans le milieu des brigades mobiles françaises. Le duo d’auteur nous plonge dans cette époque avec une foule de détails réalistes en y mettant juste assez d’éléments pour rendre leur paradis de la vapeur crédible. Les deux personnages principaux, Solange et Auguste, ont évolué depuis le premier tome. Certes, Solange est toujours celle qui va foncer dans le tas et Auguste est toujours naïf et maladroit, mais reste que leur duo a gagné en efficacité. Les doutes auxquels ils font tous les deux face dans ce tome creusent dans leurs propres cheminements par rapport à leur rôle dans la brigade mobile. La manière dont ceux-ci s’articulent autour de l’intrigue et même la nourrissent est bien développée. Ils sont mobilards certes, mais ils sont aussi et avant tout des humains.
Les scènes d’actions ont gagné en précision depuis le premier tome. Alors qu’on avait parfois l’impression de s’embrouiller dans les mouvements des scènes de bagarres, elles coulent avec fluidité dans ce tome. Cependant, une autre faiblesse apparaît : comme dans le premier opus, l’antagoniste final ne se dévoile qu’à la toute fin, empêchant une montée en tension tout au long du livre. Les motivations de ce personnage restent donc surfaites. On comprend mal son engagement envers un projet qui s’avère à la fois grandiose et dangereux quand on croise son chemin aux deux tiers du récit surtout que la plupart de ses intentions sont résumées en un dialogue qui tient en une poignée de pages. Dommage pour la cohérence du récit, surtout que l’on aurait au moins pu donner quelques indices en cours de route.
N’empêche, le plaisir de lecture est là, bien réel. On plonge dans cette aventure et on suit avec délice les péripéties de nos deux mobilards alors qu’ils affrontent encore une fois les ennemis de la France, tant intérieurs qu’extérieurs. Le duo d’auteurs se permet d’ailleurs quelques références à l’actualité de l’époque (oui, le Titanic coule quand même !), ce qui nous garde dans l’esprit du temps. La fin laisse espérer un troisième tome et même plus. Et on l’espère aussi !
Mariane CAYER