Michel Bélil, Les Cinq Saisons de l’avenir, tome 6 : Qui arrachait des perles de sang (SF)
Michel Bélil
Les Cinq Saisons de L’Avenir. 6. Qui arrachait des perles de sang
Lanoraie, De l’Apothéose, 2022, 348 p.
Tel qu’annoncé dans le cinquième tome, Bélil prolonge sa saga d’une société post-apocalyptique examinée par le petit bout de la lorgnette. Dans ce sixième volume, le chef intérimaire de la police de L’Avenir, O’Bomsawin, a pris sa retraite à force de se faire maganer. Son assistante, Léanille N’guyen, a pris sa relève dans des circonstances bien particulières. Du coup, les cinq premiers volets auraient pu s’intituler « Les Cinq Saisons d’O’Bomsawin ».
L’Avenir étant au bord de la faillite, N’guyen n’a pas la vie facile. Un fétichiste des dents sévit dans la communauté de L’Avenir tandis que des corps s’accumulent, qu’elle va pouvoir lier à un trafic d’esclaves organisé par un clan criminel. Financièrement, L’Avenir est au bout du rouleau et L’Hériotte, une cité-État voisine, envisage d’annexer la cité endettée. N’guyen lorgne un poste dans la future administration, mais son enquête l’amène à sillonner tout le territoire avant d’obtenir des résultats.
Dans ce sixième roman policier post-apo, Bélil a rodé sa manière. Ses intrigues sont tissées de rencontres souvent pittoresques avec les habitants de L’Avenir, plus que de coups d’éclat, de prouesses musclées ou de déductions perspicaces. Ce qui fait la singularité du récit, c’est moins le contexte de la fin du siècle présent, que le choix de s’intéresser à une région (au cœur de l’Estrie actuelle) en marge des grands centres et de mettre en scène son quotidien dont les dérapages exigent l’intervention d’une police débordée. L’auteur a donné vie à une communauté dont les dizaines de personnages se croisent d’un livre à l’autre, non sans rappeler les épisodes de la vie ordinaire dans un téléroman. Dans ce volume, il esquisse quelques développements qui pourraient mettre fin à l’émiettement politique des anciennes nations et à l’anarchie qui règne, mais il est loin d’être certain que ces transformations occuperont l’avant-scène du prochain livre.
Jean-Louis TRUDEL