Daniel Church, The Hollows (Fa)
Daniel Church
The Hollows
Londres, Angry Robot, 2022, 460 p.
The Hollows est le premier roman de Daniel Church (auteur britannique à ne pas confondre avec son homonyme américain). Le récit se déroule en Angleterre, dans le district de Peaks, dans le Derbyshire. Le village de Barsall vit d’agriculture et de tourisme : les montagnes avoisinantes attirent des randonneurs pédestres et de temps en temps des archéologues amateurs. Bon an, mal an, il s’en perd quelques-uns qui doivent être recherchés, souvent sans succès, par la police locale.
Or, un dix-neuf décembre, à la veille d’une énorme tempête de neige (dans une contrée sans souffleuses !), la policière Ellie Cheetham se porte au secours de deux jeunes promeneurs qui sont tombés en forêt sur le cadavre d’un homme mort de froid. Ce dernier s’avère être Tony Harper, l’un des célèbres semeurs de trouble de la région, membre d’une famille de tarés locaux. Les Harpers vivotent sur leur ferme à l’écart du village, menés par leur matriarche, la redoutable Liz. Tous connus de la police et maniaques d’armes à feu illégales, ils sont universellement haïs par les villageois, en particulier Paul, le fils sociopathe et violeur en série.
Le corps policier se limite à Ellie et son supérieur Tom, paresseux notoire ne songeant qu’à sa retraite prochaine… Tom ne voit dans le cas de Tony Harper qu’une simple histoire d’ivrogne mort d’hypothermie, mais Ellie a des raisons de croire que Tony a tenté de se défendre contre plusieurs agresseurs qui l’ont encerclé et laissé mourir de froid. C’est à elle qu’incombe la déplaisante tâche d’annoncer à Liz Harper le décès suspect de son garçon. La réaction de Liz sera extrêmement violente et étrange. Ellie se sortira de justesse de la situation…
Le lendemain, on trouve une résidence et un bar en périphérie de Barsall complètement saccagés. À part Kate, une jeune fille retrouvée en état de choc dans une cave, tous les résidents ont disparu… On retrouve des traces de lutte et les agresseurs se sont particulièrement acharnés sur les appareils ménagés et électroniques.
À la tombée de la nuit suivante, la tempête prend de l’ampleur. Barsall se retrouve sans contact avec l’extérieur : la ville voisine n’envoie personne déblayer les routes. Des secteurs du village se retrouvent sans électricité, les lignes téléphoniques et internet sont coupées. L’inquiétude des villageois grandit. On se remémore de vieilles légendes et la disparition de presque tous les habitants du village lors d’un terrible hiver du Moyen-Âge…
Si vous aimez les romans policiers avec des éléments surnaturels, ce livre vous charmera à coup sûr !!! Il contient tous les ingrédients d’un bon roman de « folk-horror »: un milieu rural isolé (je serai toujours fascinée par la peur de la campagne que ressentent les citadins !), une nature hostile et déchaînée, ainsi que des superstitions concernant des forces occultes anciennes. La dualité entre les gens de la place et ceux de l’extérieur, les uns gardiens d’anciens savoirs et les autres « raisonnables » et incrédules, est fort bien campée. Quelques gens de la ville, lassés par la violence de celle-ci, sont venus s’installer à Barsall recherchant une vie plus paisible. Ellie, la policière venue oublier la mort de son jeune garçon et un divorce subséquent, est une des femmes fortes de l’histoire, racontée principalement du point de vue de trois personnages féminins : Ellie qui veut protéger la population, Liz qui mène sa famille de délinquants d’une main de fer, et Jess, sa fille adolescente et monoparentale qui doit apprendre à protéger son bébé contre de multiples dangers… Ces trois femmes sont des figures guerrières qui doivent survivre à l’impensable. Les personnages secondaires sont aussi fort intéressants : Milly, doctoresse de village, qui verra sa grande foi en Dieu testée par les évènements ; la vicaire Madeleine, fascinée par l’archéologie et les traditions païennes…
L’auteur met en place l’action sur quatre jours, incluant le solstice d’hiver. Trois camps s’affrontent : les villageois, les Harpers et de terribles forces de destruction oubliées depuis des siècles. À saveur lovecraftienne, l’ennemi est terrifiant à souhait. Le rythme du récit est enlevé et on a de la difficulté à déposer le livre !!!
Seul petit défaut de l’œuvre, lue en version originale anglaise : certaines phrases doivent être relues et semblent un peu bancales (verbes absents, entre autres…). Est-ce un effet voulu de l’auteur ou une erreur de révision ? Je suis curieuse de voir ce que donnera la traduction…
Mais le roman n’en reste pas moins palpitant et glaçant ! Bref, un début fracassant pour Daniel Church, dont je compte suivre la carrière assidûment.
Valérie Bédard