Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne, Uns (SF)
Marie-Andrée Lamontagne & Philippe Borne
Uns
Montréal, Leméac, 2008, 566 p.
Voilà un roman de science-fiction qui explore, certes, des thèmes… classiques, mais le fait avec une conviction des plus sympathiques. Grande confédération intergalactique, civilisations d’aliens très avancés qui acceptent dans leurs rangs les nouvelles races ayant fait preuve de leur capacité à rejoindre l’Unité (les descriptions de leur lieu de rencontre évoquent un peu… la BD Valérian, de Mézières, mais pourquoi pas ?). Note à l’examen de passage de la Terre : 0. Nous sommes condamnés à nous auto-détruire dans relativement peu de temps et on nous laissera faire avec une résignation assez indifférente. Cependant, un observateur présent depuis des éons persiste à penser qu’il y aurait quelque chose à faire là. Il recrute, au XIXe siècle, un Amérindien nommé Mountain sur le point de mourir, afin de lui donner une chance de sauver sa race toute entière. Après une longue préparation au contact, il lui confère une quasi-immortalité, le savoir et les moyens d’agir. Mais que peut faire un homme seul ? Malgré les remarquables succès de Mountain (on voit défiler plusieurs grands noms et événements de l’Histoire humaine des deux derniers siècles), il est sur le point d’échouer. Comment s’en sortira-t-il, comment nous en sortira-t-il ? Je laisserai les lecteurs le découvrir, aussi bien ceux qui sont des novices en SF que les vieux routiers. Lorsqu’on lit depuis très longtemps, surtout dans les genres et surtout dans la science-fiction, on perd un peu en capacité de s’émerveiller : on a déjà tout vu passer (quelqu’un a mis la limite à 6000 livres…). Je craignais le pire, compte tenu des ressorts science-fictionnels très classiques de l’intrigue, donc, et de sa thématique écolo-politique déclarée. Mais les deux auteurs se sont tirés d’affaire avec doigté, sans prêcher. Il y a là autant de sensibilité que d’action, autant de descriptions poétiques (ou exotiques) que de suspense – on frise parfois le thriller, dans des petits chapitres courts qui m’ont fait penser à Jean-Jacques Pelletier, pour l’effet de mosaïque ainsi produit. On ne sait ce qui appartient à l’une ou à l’autre des auteurs, mais ils s’harmonisent bien, et on leur souhaite d’effectuer d’autres petits tours dans le genre.
Élisabeth VONARBURG