Ariane Gélinas, Le Sabbat des éphémères (Hy)
Ariane Gélinas
Le Sabbat des éphémères
Drummondville, Les Six Brumes, 2013, 151 pages
Ariane Gélinas nous présente son premier recueil de nouvelles en solo, après deux romans chez Marchand de Feuilles et plusieurs nouvelles publiées dans des divers périodiques. Bien que la majorité des textes tiennent du fantastique, l’auteure nous sert aussi quelques textes de science-fiction.
Elle se spécialise dans les atmosphères étranges et inquiétantes ; les relations entre les personnages où l’Autre s’avère aussi désirable que dangereux. Dans son dernier opus, l’humour absurde tient cependant une place plus importante que dans ses œuvres précédentes. Le Sabbat des éphémères nous offre un mélange de rééditions et de nouvelles inédites.
Trois nouvelles seront familières aux lecteurs de Solaris, entre autre l’excellent « Envers du labyrinthe » dont l’auteur a retouché un peu le texte. Les deux versions se valent, avec leur atmosphère glauque présentant Montréal sous un angle tordu à souhait.
Deux des nouvelles inédites m’ont particulièrement plu. « Les Noyés de Saint-Ignace » présente un thème qui m’est cher : les villages engloutis et l’attrait qu’ils exercent auprès des plongeurs trop curieux. « Les Espaces atlantiques », pour sa part, est une jolie fable de laquelle ressort l’amour de l’auteur pour les venteuses régions maritimes. Par ailleurs, « Lieux de passage » nous décrit la route d’une vagabonde au grand cœur faisant preuve d’une bien étrange compassion. Un délice ! Les amateurs d’aventures nordiques et de blizzard sournois se délecteront des « Glaces éternelles », publié auparavant dans Brins d’Éternité. À noter, le recueil contient une collaboration Ariane Gélinas-Guillaume Voisine, « L’Ascendance des Sélènes », une nouvelle de science-fiction touchant quand même au fantastique de manière fort élégante.
Ma nouvelle coup de cœur reste « Le Jeu des âmes mortes ». Située dans le fond de la Sainte Russie tsariste, la nouvelle réussit à capturer la fameuse âme russe en la mariant de façon heureuse aux superstitions venues de lointaines contrées. On rit plus que l’on se désole de la bêtise et l’ambition du héros défricheur…
Le Sabbat des éphémères est de lecture très agréable et vous fera passer un bon moment. Les lecteurs qui connaissent déjà Ariane Gélinas verront que cette dernière a ajouté de nouvelles cordes à son arc !
Le seul défaut que présente Le Sabbat des éphémères est celui des recueils de nouvelles d’un seul auteur : constitué de textes s’étalant sur plusieurs années d’écriture, un effet de répétition ressort de certains textes. Mais les bons coups dépassant de loin les autres, je n’hésite pas à vous recommander ce recueil qui s’harmonise si bien avec la grisaille de l’automne…
Valérie BÉDARD