Pierrette Beauchamp, Voyageurs de passages T.2 : Pour le temps qu’il nous reste (SF)
Pierrette Beauchamp
Voyageurs de passages T.2 : Pour le temps qu’il nous reste
Montréal, Hurtubise, 2013, 356 pages.
Second tome d’une série entamée avec Tôt ou tard, le roman Pour le temps qu’il nous reste renoue avec les personnages du livre précédent. Les principaux protagonistes sont Stéphane Gadbois, un étudiant en histoire à l’aube de la quarantaine, et Janine Provencher, une jeune femme au début de la vingtaine. Ce qui les a rapprochés, ce sont des passages souterrains sous les maisons et édifices montréalais qui permettent de voyager dans le temps, car Stéphane est un homme de l’an 2000 tandis que Janine est originaire de l’année 1959.
Réunis par accident dans le premier tome, Stéphane et Janine ont fini par élucider une partie du mystère des galeries temporelles en aboutissant en 1918 au début du second tome. Cette fois, Beauchamp convie les lecteurs à un peu de tourisme temporel dans le Montréal de l’époque, alors que la Première Guerre mondiale s’achève et que la grippe espagnole est sur le point de s’abattre sur la ville. Ce bref séjour permet à Janine de rencontrer la première femme de son père et de comprendre pourquoi le père qu’elle a connu, sévère et bougon, est si différent du jeune homme de 1918 qui n’a pas encore perdu sa femme et ses enfants, fauchés par l’épidémie à venir. Elle retrouve aussi son frère aîné en 1918 et celui-ci fournit des explications supplémentaires tout en leur permettant de regagner l’an 2000.
La principale source de tension de l’intrigue demeure le retour annoncé de Janine en 1959 pour que l’histoire connue reprenne son cours. L’amour qui grandit entre Stéphane et Janine est la source d’une tentation croissante pour Janine, soit celle de rester avec Stéphane en l’an 2000. Comme l’auteure applique aux voyages dans le temps les règles qui l’arrangent, le lecteur se demande si elle va trouver une échappatoire. Il vaut mieux ne pas s’attarder sur la logique qui est censée déterminer les souvenirs des personnages. Ainsi, ceux-ci ne se rappellent pas d’avoir rencontré des voyageurs temporels avant que ceux-ci ne quittent le présent et se rendent dans le passé des autres personnages, avec un décalage fixe entre les événements modifiés dans le passé et les nouveaux souvenirs, de sorte que la personne ne se souvient la veille que des gestes qui ont eu lieu il y a quarante et un ans, mais pas de ceux qui ont eu lieu il y a quarante et un ans moins un jour. C’est pratique, mais Beauchamp se contente de décrire le phénomène sans essayer de l’expliquer, pas plus qu’elle ne tente de justifier les déplacements temporels permis par les tunnels sous la ville.
L’histoire familiale des Provencher prend encore plus de place dans ce tome, ce qui relègue Stéphane à un rôle de faire-valoir. Comme les rebondissements sont plus rares dans ce volume et que l’élément science-fictif ne reste qu’esquissé (si bien qu’une explication fantastique n’est pas exclue), la lecture perd de son intérêt si on n’a pas à cœur le sort des Provencher (père, fils et fille). Après un début prometteur, Beauchamp se cantonne à une intrigue essentiellement sentimentale qui laissera les amateurs de science-fiction (ou de fantastique) sur leur faim.
Jean-Louis TRUDEL