Pierre H. Charron, Origines – La Lignée Centuri (SF)
Pierre H. Charron
Les Clowns vengeurs : Origines – La Lignée Centuri
Montréal, Porte-Bonheur, 2016, 188 p.
Afin d’obtenir l’aide médicale dont son peuple a besoin pour combattre l’épidémie mortelle d’une virulence inouïe qui ravage le Sixième continent et force la population à se réfugier sur les terres royales du Saraçan, la reine Talia de Centuri accepte de céder les Territoires Boréaux aux maîtres du Cinquième Continent pour qu’ils y construisent Mirage, une toute nouvelle cité dédiée à la recherche et au progrès technologique.
Mais les dirigeants de la future Mirage ont de bien sombres projets en tête, à la fois pour leur cité et pour les peuples sous leur juridiction. Les choses vont vite s’assombrir entre Saraçan et la Quadri-Métropole.
Mené tambour battant, ce douzième tome de la série des Clowns vengeurs apporte des réponses aux amateurs qui s’interrogent sur les origines de cet univers consacré à la lutte sans merci que mène un groupe terroriste contre l’ordre établi.
Les thèmes abordés par Charron sont nombreux, mais il faut reconnaître que l’auteur ne prend pas les adolescents et autres jeunes adultes pour des oies blanches. L’arc romanesque s’appuie sur des idées lourdes : eugénisme, société de privilégiés, expérience médicale sur des enfants, massacres génocidaires, esclavage implicite et inceste. En dépit de ce catalogue de turpitudes morales, le roman n’est ni lourd, ni indigeste.
Quoique si on y réfléchit un peu, les Clowns vengeurs sont une fable moderne où un fascisme théologique à la morale dégénérée (toute vengeance est assouvie sans nécessité de preuve) tente de faire basculer un fascisme capitaliste inhumain par des actions terroristes. Moralement, toute la série nage dans ces eaux troubles.
Pour le lecteur assidu de la série cependant, il y a de la matière historique à profusion dans ce court roman (moins de deux cent pages). On découvre l’origine de Mirage, ainsi que sa localisation, on apprend comment le Gouvernement légitime naît d’un coup d’État interne ; de même que l’étymologie véritable des Arcurides, Odi-menwatts, et autres legiokhans. Tout y passe. L’auteur n’hésite pas à retourner toutes les pierres sur son chemin. On assiste à une démystification en règle et rien ne nous est caché de la structure de cet univers. C’est peut-être même trop dans la mesure où, à la longue, cette volonté explicative s’avère un rien empesée pour le lecteur à la recherche d’un simple divertissement.
À noter que pour ce roman en particulier, une carte de repérage aurait été la bienvenue. La géographie est prépondérante dans Origines et le lecteur patauge un peu pour s’y retrouver.
Au bout du compte, Origines est un roman trépidant, bien découpé, d’une lecture facile, tout à la manière de Pierre Charron. Par contre, il est impossible de passer sous silence l’absence d’un travail de correction minimal effectué par la maison d’édition. Il y a beaucoup trop de cas de vocabulaire erroné (par-dessus pour pardessus, débité pour dépité – comme dans un air débité, un non-sens, si on n’est pas dans un roman de bûcherons !, attention pour intention, effectif pour effet, parmi quelques autres). Ces erreurs, facilement repérables et tout aussi faciles à corriger à la faveur d’une lecture attentive, sont autant d’obstacles à une lecture encore plus agréable.
Richard TREMBLAY