Marie Bilodeau, La Guerre de Mirial (SF)
Marie Bilodeau
La Guerre de Mirial
Lévis, Alire (GF), 2017, 400 p.
Avec La Guerre de Mirial, Marie Bilodeau conclut la trilogie amorcée avec Le Sang de Mirial et continuée par La Chute de Mirial. On y retrouve la Gardienne, Layela Delamores, son compagnon Ardin Malavant, ainsi que la sœur de celui-ci, Avienne, et une plétore de personnages rencontrés dans les deux premiers tomes. Ce roman se situe dix ans après le second tome. Nous avions quitté Layela et les Mirialains après qu’ils aient conclu un pacte avec l’antique peuple des Semeurs : ceux-ci allaient créer une nouvelle Première Étoile pour remplacer celle de Mirial. Tout le monde a bon espoir que cette nouvelle étoile permette de renouveler l’éther, énergie mystique et magique qui commence à se faire rare. D’ailleurs, le soleil de Mirial est mourant et les habitants de la planète se préparent à l’évacuer, pour aller s’établir sur une terre orbitant la nouvelle Première Étoile. Layela, quant à elle, se croise les doigts pour que la création de cette nouvelle étoile la libère de son rôle de Gardienne et qu’elle puisse partir à la recherche de sa fille, Ardice, abandonnée dix ans plus tôt afin de la soustraire à son destin de Gardienne et aux menaces qui s’y associent.
Évidemment, rien ne se passe comme prévu. Après que les Mirialains se soient entassés dans leurs vaisseaux d’évacuation et qu’une flotte de vaisseaux des créatures éthériques se soit rassemblée autour d’eux, supposément pour assister à ce moment historique, ils prennent le chemin de la nouvelle Première Étoile, via un tunnel tachyonique (la technologie leur permettant de voyager à grande vitesse dans l’espace). Cependant, ils n’ont même pas le temps de sortir du tunnel qu’un Semeur hurle à Layela de rebrousser chemin. La nouvelle étoile n’a pas réagi comme prévu à son activation et, instable, elle explose, tuant avec elle tous les Semeurs. Ou, enfin, tout le monde présume que c’est le cas et on n’en entendra plus parler du reste du bouquin.
On n’entendra pas non plus les Mirialains se plaindre de leur évacuation inutile. Personne ne se questionnera sur l’échec des Semeurs. Et on ne connaîtra jamais vraiment le point de vue des créatures éthériques qui trahiront Layela avant de redevenir ses alliés, puis de la trahir à nouveau, puis de se rallier encore à elle, tandis que la Gardienne s’éloigne en catastrophe de Mirial pour échapper à une bataille, puis se désespère d’y revenir, puis y revient en trombe, après un bref affrontement, pour tomber au milieu d’une autre bataille…
Bref, le récit de ce troisième tome ressemble à une valse-hésitation aux proportions galactiques où les détails de l’intrigue et la psychologie de certains personnages sont escamotés au profit de l’action. La fin est brusque (pour ne pas dire brutale) et peu satisfaisante.
La lecture du premier tome de la série m’avait laissée tiède, mais la plume de l’auteure m’avait paru plus maîtrisée dans le second tome et j’avais apprécié les pistes d’intrigue qui s’y ouvraient. J’ai été très déçue de découvrir qu’elles n’étaient pas davantage explorées dans ce troisième tome, qui reste centré sur les mêmes personnages. Le style est correct, le travail de traduction d’Élisabeth Vonarburg demeure magnifique, mais l’écriture reste un peu froide, en surface, dépourvue de sensations.
Si vous avez lu les autres volumes et que le sort de Layela et de ses nombreux amis vous préoccupe, La Guerre de Mirial saura répondre à vos attentes. Mais si vous vous attendiez à des explications finales, vous serez déçu.
Geneviève BLOUIN