Annie Bacon, Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage (SF)
Annie Bacon
Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage
Montréal, Bayard Canada, 2017, 119 p.
« Montréal n’est plus que ruines. Au centre-ville, les hautes tours gisent en piles informes, réduites à leurs plus petites composantes, telles des constructions en Lego retournées dans leurs bacs d’origine. Pas un bruit, si ce n’est quelques hurlements de systèmes d’alarme qui ne sonnent pour personne. La poussière est à peine retombée ; les rats se terrent encore. Dans une rue du Plateau-Mont-Royal, une fille de treize ans marche, tirant derrière elle une valise bleue. »
Ainsi commence les Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage de l’auteure Annie Bacon, une habituée des romans jeunesse qui nous livre son premier roman pour adolescents… et quel roman ! Dès le premier contact, on remarque qu’il s’agit d’un magnifique objet, édité avec soin par Bayard Canada. La page couverture sobre et évocatrice, le texte disposé « en drapeau » (qui rappelle donc l’aspect visuel d’un poème, mais également d’un texte écrit à la main) et les mises en page très graphiques aident le lecteur à se plonger dans l’ambiance post-apocalyptique du récit.
L’intrigue de ce roman est simple : une catastrophe est survenue, un choc qui a rasé en partie Montréal, et peut-être le reste de la planète. Astride, une adolescente de treize ans qui a toujours été une petite fille modèle, fait partie des rares survivants. Dans sa quête d’un refuge sécuritaire, où personne ne viendra la déranger et se livrer à des pillages, elle se rend à la bibliothèque de son ancien quartier. Terrée parmi les livres, elle s’imagine bibliothécaire et rassemble les ressources nécessaires à sa subsistance. On apprend peu à peu, par fragments, comment elle a survécu à la catastrophe et quel avenir se dessine pour elle, au milieu de ce Montréal dévasté où des bandes de survivants à demi-sauvage s’affrontent.
Pour moi, lectrice adulte, ce roman, en tant que récit de survivance, a évidemment des relents de Walking Dead, dans une version dépourvue de zombies, et il s’achève un peu abruptement (quoique sur une note lumineuse, remplie d’espoir). Par contre, je devine qu’aux yeux de son public adolescent, le récit présente plusieurs aspects nouveaux : le thème de la survie, d’abord, qui n’est pas le plus abordé en littérature jeunesse, ainsi que la présence d’un personnage principal sage et respectueux de règles (d’Harry à Katniss, les adolescents littéraires sont plus souvent des rebelles), bref, un modèle à suivre ! La plume d’Annie Bacon est simple, presque dépouillée (impression décuplée par les chapitres très courts qui se laissent dévorer), mais elle fourmille d’images propres à charmer les lecteurs de tout âge.
Les Chroniques post-apocalyptiques d’une enfant sage ont été en lice pour le Prix du Gouverneur Général et sont présentement finalistes au Prix des Libraires. Je n’en suis guère étonnée, car il s’agit d’un récit prenant et touchant, qui saura ravir le cœur des jeunes lecteurs. Et les préparer à une discussion sur les fondements et l’avenir de notre civilisation.
Geneviève BLOUIN