Dominic Bellavance, L’Ultime Réveil (Le Silence des sept nuits -2) (Fy)
Dominic Bellavance
L’Ultime Réveil (Le Silence des sept nuits -2)
Varennes, Ada (Corbeau), 2019, 390 p.
Les évènements de L’Ultime Réveil se déroulent immédiatement après ceux du premier volet du diptyque. Pour les lecteurs dont les dernières pages remontent à loin, le roman rappelle principalement les détails les plus importants de deux manières.
Cette remise en situation passe d’abord par une analepse particulièrement révélatrice qui lève enfin le voile sur les incohérences entre ce que le personnage principal, Damian Ragellan, se souvient de son passé et ce qui s’est réellement produit. Mais le protagoniste, lui, ne prend pas encore conscience de ses problèmes identitaires… et ne le fera que bien plus tard.
Pour le lecteur, un deuxième élément contribue à remettre les pendules en place quant au récit de l’Arcaporal et de ses aventures. Ce détail est même plutôt cocasse, puisque c’est le héros lui-même qui a un trou de mémoire ! Dès lors que Saya, son acolyte, lui fait un petit rafraîchissement, le lecteur peut faire le pont avec les derniers instants du tome précédent. En quelques pages, voilà donc que la lecture peut se poursuivre, et ce pratiquement comme si elle n’avait pas été interrompue.
Dans cette suite (qui fait également office de finale), les héros cherchent toujours l’origine de la malédiction qui est en train de décimer un côté entier de la ville de Roc-du-Cap. Leur mission se complexifie à mesure qu’ils se rapprochent de la vérité et de la maléfique personne qui se cache derrière le fléau meurtrier. Durant cette quête, Damian et Saya gagnent peu à peu en puissance et en maîtrise de leurs capacités. Le jeune homme se découvre un pouvoir inattendu particulièrement avantageux pour affronter les ennemis qu’il rencontre sur son chemin. S’il ne comprend pas rapidement son origine, il n’en reste pas moins que ce nouvel atout lui est bien utile pour accomplir sa tâche. Quant à Saya, elle prend de l’assurance dans l’utilisation de ses armes lorsque la situation se présente, sans toutefois perdre sa crainte de causer plus de tort que de bien autour d’elle.
La suite des aventures se déroule dans un grand nombre de péripéties qui donnent majoritairement l’impression que les deux protagonistes n’arriveront pas à accomplir ce qui leur a été demandé. Pourtant, comme le contraire est pratiquement assuré, le lecteur s’en fait peu pour eux. Il ne peut que découvrir, curieux, combien ils descendront bas avant de remonter la pente et de mettre fin aux innombrables morts qui ne cessent de se produire. Parmi cette suite de péripéties, nous retrouvons entre autres sans surprise le moment classique où les protagonistes sont séparés l’un de l’autre puis se retrouvent inévitablement. Il en va de même pour la fameuse scène où un personnage est penché au-dessus de son allié avec des regrets et que ce dernier, qui semblait avoir perdu la bataille, se relève soudainement avec l’énergie nécessaire pour terminer la quête. À tout le moins, le déroulement de ces séquences reste assez intrigant à découvrir.
Si la direction que prennent les péripéties peut malheureusement se deviner en partie au fil des pages, il y a tout de même un fascinant concept qui est mis de l’avant quant à la maniabilité de la personnalité chez certains personnages bien précis. Sans trop en dévoiler, disons que l’explication derrière l’incohérence mémorielle de Damian Ragellan s’explique avec des images tellement claires qu’elles en deviennent tangibles et malléables. Cette idée est d’ailleurs très bien exploitée dans l’ensemble du roman. Elle permet au récit de bien se tenir, car c’est sur celle-ci qu’en repose l’essentiel.
Enfin, pour ce qui concerne la conclusion de ce diptyque, elle est plus ou moins décevante dans la mesure où les héros ne décident pas complètement par eux-mêmes comment mettre fin à la malédiction qui sévit. Si le cours des événements reste intéressant, ces protagonistes que nous suivons depuis deux tomes déjà ont cependant un maigre rôle à jouer dans l’interruption du fléau. En effet, ceux-ci n’ont pas le temps de prendre une réelle décision et entreprennent une action qui déclenche, comme un accident, la fin de toute cette aventure.
Une lecture agréable, pleine d’action pour garder le lecteur captivé, mais dont les moments inattendus et surprenants sont peu présents. Il n’en reste pas moins que la fin, cette fois, est moins fâchante que celle du premier volume, car pratiquement toutes les réponses ont été trouvées et que les mystères sont enfin levés.
Émanuelle PELLETIER-GUAY