Laurent Genefort, Opexx (SF)
Laurent Genefort
Opexx
Moret-Loing et Orvanne, Le Bélial’ (Une heure lumière), 2022, 114 p.
On ne présente plus Laurent Genefort. Chef de file de la science-fiction française depuis plusieurs années, il compte à son actif plus de 40 romans en un peu plus de trente ans. Créateur d’univers, il nous entraîne aujourd’hui dans un court roman dense et écrit à la première personne.
Ce texte condensé, trapu et solide est un peu à l’image de son protagoniste principal, un soldat de l’Opexx dont nous ne connaîtrons que les aventures et pas le nom. Être anonyme ne le rend pas moins attachant, au contraire.
L’Opexx est né après le débarquement d’aliens au conseil de l’ONU, vingt ans plus tôt. Cette force spéciale dérivée des casques bleus a pour but de pacifier des mondes étrangers membres du Blend, cette communauté immense de mondes extraterrestres. Le contrat passé entre les Terriens et le Blend est simple : un paiement en technologies et avancées médicales contre l’envoi de troupes pour pacifier, maintenir la paix et l’ordre entre des factions. Car le Blend ne sait plus faire la guerre, n’a plus besoin d’économie monétaire. Le Blend a dépassé depuis longtemps tout cela. Il pratique donc l’échange – la rétribution – et la Terre gagne de grands bénéfices, tout en réalisant du même coup que l’homme n’est plus au sommet de la chaîne de l’évolution. Le narrateur est un soldat atteint du syndrome de Restorff, une forme de dissociation qui l’empêche de ressentir de l’empathie. Il reste curieux et avide d’aventures, ce qui l’incite à s’engager. Ses missions nous plongent rapidement dans des mondes profondément étrangers, souvent à peine effleurés (les missions dépassent rarement une quinzaine de jours) mais dont l’étrangeté reste en mémoire car nous plongeons avec lui, sans préparation, dans des conflits armés sur des planètes étrangères. L’émerveillement peut toucher le lecteur alors même que le soldat ne le ressent pas. Il est d’ailleurs suivi de près par des médecins et des psychologues, comme tous ses camarades. Après tout, c’est la première fois que des Terriens vont faire la guerre hors planète. Dès la première mission, il commence à rêver de ces mondes étranges.
Opexx est un roman foisonnant et qui plaira à tout amateur de space opera. Il nous fait voyager loin en seulement quelques pages. Une histoire de premier contact et d’intégration de l’humanité à un groupe alien bien plus évolué simplement évoquée à travers les yeux d’un soldat qui donne envie de découvrir ces mondes et cet univers encore davantage. C’est un tour de force de voyager autant en à peine plus de 100 pages, avec une réflexion sur la place de l’humanité dans l’univers en prime. Laissez-vous embarquer. Vous ne le regretterez pas !
Nathalie FAURE