Jeanne Yvrard, Grand Choix de couteaux à l’intérieur (Hy)
Jeanne Yvrard
Grand Choix de couteaux à l’intérieur
Hull, Vents d’ouest, 1998, 132 p.
J’en parle très vite, car c’est un livre marginal par rapport à nos domaines, s’ébattant davantage dans le champ du surréalisme cruel, voire absurdiste que dans le fantastique, à plus forte raison dans la SF. C’est surtout le premier texte (« La Collaboratrice »), et le dernier (« Le Cheval d’or »), qui peuvent être rattachés à ces domaines, si on veut. Une description brève : « La Collaboratrice » pourrait être Des fleurs pour Algernon compacté en quatre pages mais retourné comme un gant, et « Le Cheval d’or » est un conte merveilleux également les entrailles à l’air.
Mais pour ne pas mourir idiot, pour voir ce qu’on peut encore faire, au plan de l’écriture autant qu’à celui des thèmes, dans le domaine du conte très bref (rarement plus de trois pages), pour voir comment l’observation décalée et en conséquence décalante du réel-présent n’est pas l’apanage de la SF, pour voir comment le déplacement fantastique n’a pas besoin de vampires ou de loups-garous, on peut faire un tour par ce petit livre, ça ne prend pas longtemps, et quand c’est réussi, ça marche vraiment très bien, c’est hilarant ; constamment aussi à la limite du décrochage, trapèze de haute voltige, quand ça décroche, ça fait un plat (comme dans la piscine, aïe). Il y a en tout cas là une voix vraiment singulière…
Élisabeth VONARBURG