Pierre Chatillon, L’Île aux fantômes (Fa)
Pierre Chatillon
L’Île aux fantômes
Montréal, Stanké (Québec 10/10), 1989, 187 p.
Parcourant du regard les étendues poétiques de l’univers de Pierre Chatillon, on s’étonne. Véritable plongée dans les brumes intérieures de l’auteur, les dix-sept contes regroupés ici sont issus d’une œuvre inachevée et proviennent de rêves, songes ou cauchemars. Très proches de la mythologie, les contes de Chatillon donnent naissance à de curieuses créatures et à des personnages merveilleux lesquels ont, le temps d’un songe, le pouvoir de refaire le monde (« Le Couac orange ») ou de visiter l’astre solaire (« Les Pissenlits »). Confiant en la puissance du rêve, l’auteur nous entraîne à la découverte d’un monde imaginaire qui se métamorphose au rythme des déceptions amoureuses des personnages qui traversent son œuvre. De jeunes amours éphémères s’envolent au vent, la jalousie enferme les esprits dans le ventre de la nuit et le bonheur n’est souvent possible que dans la mort. Poète de l’amour impossible parfois proche du désespoir, Chatillon sait faire naître l’image du bout de sa plume naïve et colorée. Fasciné par le bleu (« La Dame bleue », « Le Soleil dans le ventre bleu »), par la mer (« La Jeune Vague », « Suzanne et la mer »), par le soleil (« Le Soleil dans le ventre bleu », « La Fourrure du feu »), Chatillon mérite d’être lu pour ses grandes qualités de coloriste. Toutefois, le ton très poétique de l’ensemble du recueil en fait une entreprise courageuse qui risque de décevoir ceux qui n’aiment pas particulièrement marcher dans le rêve.
Linda CHAMBERLAND