Henri La France, Les Capsules du temps (SF)
Les Capsules du temps (Henri La France)
Ce roman de Henri La France constitue la suite de À l’aube du verseau, paru en 1980. On y retrouve Anu et Cléo, le couple d’Atlantes, de même que Nicole Chevalier et Jean Lenip, héros du roman précédent. Se joignent à eux, Rolline St Jacques et Bernard Lorimer, « physiciens et mathématiciens reconnus mondialement pour leurs brillants exposés sur le continuum espace-temps de feu Albert Einstein ».
Ils seront initiés à une nouvelle théorie sur l’espace-temps qui bouleverse les idées reçues au cours d’un voyage dans le temps et l’espace. Cette théorie s’appuie sur les arguments célèbres de Zénon d’Elée contre la réalité du mouvement, donc du temps. Pour simplifier, disons qu’il n’y a pas de présent, de passé et de futur. En outre, tout ce qui appartient à l’espace appartient aussi au temps et vice-versa. Or, l’espace-temps n’est qu’une spéculation de l’esprit.
L’auteur reprend, dans Les Capsules du temps, la thèse qu’il développait dans son roman précédent, à savoir que l’Histoire est un éternel recommencement mais qu’à chaque nouveau cycle, l’esprit humain atteint un niveau supérieur qui doit le conduire à la perfection. La France me semble apporter plus d’explications à sa théorie scientifique qui s’articule autour du concept du cadran zodiacal qui n’a rien à voir avec l’astrologie même si on y retrouve les douze signes.
Le grand cycle du point vernal, aussi appelé « cercle d’or de Pythagore », s’étend sur une période de 25920 ans, soit le temps que met le soleil à accomplir une rotation complète sur lui-même. Au terme de ce cycle, l’humanité assiste à la fin d’UN monde (et non DU monde) et au commencement d’un autre. C’est donc dire que chaque signe dure 2160 ans.
Après ce cours théorique parfois aride, les deux Atlantes et leurs amis montréalais offrent à Bernard et Rolline l’occasion de vérifier sur place le bien-fondé de leur théorie. Anu programme la capsule du temps, vaisseau spatial modeste, afin qu’ils effectuent un arrêt dans chacune des ères zodiacales. Nos deux chrononautes entreprennent un fascinant voyage à rebours dans le temps.
En somme, Les Capsules du temps présente une histoire des civilisations humaines à travers les grandes périodes de la Terre, une cosmogenèse et une anthropogenèse du monde. Cette théorie de La France s’oppose à celle de l’évolution des espèces et à plusieurs principes fondamentaux de la physique. Le contenu scientifique de ce livre remet en question un grand nombre d’interprétations de la constitution de l’Univers et de l’origine de l’homme et pose des questions sur son avenir.
Le mariage de l’essai et de la fiction est mieux réussi que dans le roman précédent mais Les Capsules du temps reste une oeuvre insatisfaisante, non pas tant au niveau des idées qu’à celui de la formulation.
L’écriture est aussi maladroite même si l’auteur a tenté d’insuffler un certain dynamisme en utilisant presque toujours les dialogues pour véhiculer les idées scientifiques et les observations des deux voyageurs du temps. En outre, les étapes du voyage sont racontées de la même façon, ce qui devient lassant, et la surenchère dans les mots et les qualificatifs finit par laisser La France à court de superlatifs. L’auteur a aussi la détestable manie de faire la morale d’une façon très peu subtile.
Les Capsules du temps, par Henri La France, Montréal, Éditions Bergeron, 1982, 232 p. Roman.
Claude JANELLE