Collectif, La Nouvelle Barre du jour
La Nouvelle Barre du jour
juin 1979, n˚ 79-80 (SCIENCE-FICTION), 164 p.
Ce numéro a été réalisé par Louis-Philippe Hébert et Roger des Roches. Illustrations de Micheline Lanctot.
Je viens de terminer la lecture du numéro 79-80 de la Nouvelle Barre du jour, et je ne puis m’empêcher de vous faire part de mes impressions, toutes personnelles, d’amateur de SF, sur ce recueil de textes vendus sous l’étiquette « Science-Fiction ».
A priori, je ne puis que me réjouir de la parution d’un livre, ou d’une revue de SF, québécois, parce que l’avènement d’un tel livre est en soi un heureux événement et cela est dû, je crois, à la rareté de la chose.
Pour la même raison, une publication aussi sérieuse que peut l’être la NBJ est susceptible, de par son influence, de confondre le profane, s’il en existe encore, au sujet de cette chère SF.
Genre littéraire ou véhicule idéologique ? Libre à chacun de s’exprimer et de souffler ainsi sur les tisons de cette chaude controverse.
Après une fort jolie couverture au titre trompeur, l’absence de présentation est à déplorer. Je la déplore. Que sont ces textes ? Qui en sont les auteurs ? Quels étaient les buts de ce recueil ? Dans quelle optique de la SF ont-ils été écrits et réunis ? Autant de questions qui resteront sans réponses. À moins qu’il n’y ait un deuxième numéro SF.
Que certains éditeurs-auteurs se servent de la SF dans le but avoué de faire passer une certaine idéologie – ce qui leur a été fortement reproché – passe encore, c’est de bonne guerre (intérieure), mais que l’on utilise cette même SF pour vendre des textes qui n’ont rien à voir avec la SF (Ce qui n’enlève rien à la qualité des textes : N.D.L.R.), me semble être un geste tout aussi répréhensible, sinon plus. Je crois savoir qu’il y a un nom pour cela : fausse représentation.
Sur un ton moins « excommunicateur », je ferai remarquer, si ce n’est déjà fait, que certaines personnes ont pu placer dans ce recueil plusieurs textes, au détriment d’un plus grand éventail d’auteurs.
Si vous lisez Requiem (Tiens ! Je m’étais habitué au nom !), vous savez qu’il existe certains « noms » dans la SF québécoise. Or, encens et myrrhe, ce numéro de la NBJ contenait des omissions Léger fardeau, me direz-vous ; lourd de sens, vous réponds-je d’avance. De source généralement bien déformée, j’apprends qu’un deuxième numéro SF est en préparation pour pallier aux insuffisances du premier.
Des 20 textes vendus sous l’étiquette « science-fiction », quelques-uns seulement me semblent être effectivement de la SF. Je ne veux nullement contester la qualité de ces textes hors sujet, mais je suis d’avis que peu d’entre eux répondront aux critères des amateurs de SF. Je me demande même si les auteurs de ces textes ont déjà lu de la SF. À propos, qu’est-ce que la SF ?
Louis-Philippe Hébert nous fait part de ses considérations sur la littérature passée, présente et à venir, et nous apprend que la science-fiction n’existe plus ??? En tous cas, pour ce qui est du recueil, je suis d’accord.
Suit un texte de Roger Des Roches, co-réalisateur avec L.-P. Hébert de ce numéro, qui, pour tout délirant qu’il soit (le texte, bien sûr !), n’en demeure pas moins un excellent exemple d’écriture SF. C’est pourquoi je ne regrette pas ce numéro de la NBJ. Autant ai-je été déçu par certains aspects ci-haut mentionnés, autant suis-je satisfait de voir de bonnes choses publiées L’Effet d’irréel et Orgone 13 de Jérôme Elie, par exemple.
Conclusion : Mieux vaut ça que rien du tout. Mais on aurait dû l’intituler : « Paralittératures ».
Louis C. PICARD