Dan Simmons, Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz (SF)
Dan Simmons
Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz
Paris, Robert Laffont, 2022, 192 p.
Trad. de l’anglais (États-Unis) par Sébastien Guillot
Dan Simmons est un auteur que nous n’avons plus à présenter. Depuis près de 40 ans, il a publié nombre d’œuvres classiques dans nos genres préférés. Les Cantos d’Hypérion, Nuit d’été ou Terreur sont autant de livres qui sont très bien placés dans mon panthéon personnel. D’une efficacité redoutable, l’auteur passe facilement d’un genre à l’autre : fantastique, science-fiction, policier, historique… Toutefois, à ma connaissance, avec Le Nez-Boussole d’Ulfänt Banderõz il s’attaquait à la science-fantasy pour la première fois.
Cette novella est un hommage à la Terre Mourante de Jack Vance. D’ailleurs, elle est d’abord parue en version originale dans une anthologie dirigée par George R. R. Martin (Songs of the Dying Earth). Pour ceux qui ne connaissent pas l’univers, voici un résumé en quelques lignes : dans un futur très lointain, la Terre est mourante, la Lune a quitté son orbite depuis des millions d’années et le grand soleil rouge devient plus léthargique que jamais.
Ainsi, on se retrouve dans une ambiance particulière : un brin de décadence, une forte dose de fatalisme et, pourtant, il y a un soupçon de bonne humeur. C’est dans ce contexte que Shrue le diaboliste apprend la mort d’Ulfänt Banderõz. Ce dernier était le gardien d’une bibliothèque à nulle autre pareille qui contient les plus grands savoirs magiques. Seulement, personne ne peut lire les documents qui y sont préservés, mais Shrue a bon espoir d’y parvenir. De toute façon, la fin du monde approche… en fait elle semble plus imminente que jamais. Il lui reste maintenant à traverser une bonne partie du monde pour atteindre la bibliothèque et à vaincre les sortilèges qui protègent les lieux. Ces derniers sont venus à bout des premiers magiciens qui s’y sont essayés.
Dans sa quête, Shrue est accompagné d’alliés improbables : un démon contraint de lui obéir, une amazone qui n’est pas insensible à ses charmes et, plus tard, un homme-souris et même un capitaine de bateau volant. La quête sera corsée par une rivalité avec un puissant magicien, Faucelme, qui veut lui aussi percer le mystère de la bibliothèque.
Le premier qualificatif qui me vient en tête pour parler de Vance est qu’il possédait « un imaginaire foisonnant ». Simmons lui rend hommage en poursuivant dans la même lignée. Il y a plus d’idées dans les 192 pages de ce livre que dans bien des sagas de fantasy interminables.
C’est un livre qui se lit rapidement et avec plaisir. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est un hommage réussi et, mieux encore, un tour de manège très agréable. Les auteurs de l’âge d’or de la science-fiction (Vance s’est fait un nom à la fin de cette période et au début de la suivante) excellaient à créer le Sense of Wonder, le sentiment d’émerveillement. Eh bien, c’est ce que l’on retrouve dans cette novella. Aucun temps mort, de l’action et bien du plaisir pour le lecteur. Parfois, il ne faut pas demander plus.
Pierre-Luc Lafrance