Jean-Louis Trudel, Aller simple pour Saguenal (SF)
Jean-Louis Trudel
Aller simple pour Saguenal
Montréal, Paulines (Jeunesse Pop), 1994, 146 p.
Pour son premier roman-jeunesse, Jean-Louis Trudel (que les lecteurs de Solaris connaissent bien par ses nombreuses nouvelles parues dans ces pages) nous offre une histoire écologique qui ne manque ni d’action, ni d’une technologie élaborée s’apparentant à la SF hard.
Sylvain est né sur la Terre, mais il se trouve maintenant sur Nou-Québec, une planète colonisée depuis quelques années par des milliers de Québécois, en compagnie de ses parents. Ceux-ci sont de brillants exo-écologistes, engagés pour découvrir la source de la contamination qui tue les néo-saumons près du village de Saguenal. À son arrivée au village, il a la désagréable surprise de découvrir que ses parents ne sont pas au rendez-vous. À la mairie du village, la fille du maire lui apprend que leur bateau a coulé dans une tempête, et que l’on n’a pas retrouvé leurs corps. Et ce n’est que le prologue !
Il ne faudra pas longtemps à Sylvain et au lecteur un peu attentif pour commencer à se douter qu’il y a quelque chose de louche dans la disparition de ses parents. C’est d’abord le comportement étrange du ministre-adjoint de l’Environnement qui lui met la puce à l’oreille.
Quand l’adolescent découvre ensuite que quelqu’un a tenté de voler sa mallette pendant la nuit, cette mallette qui contient du matériel appartenant à ses parents, il est à deux doigts d’accuser le ministre-adjoint Campeau. Un peu plus tard, alors qu’il visite le village en compagnie de Paladia, la fille du maire, il échappe de peu à un effondrement de falaise.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean-Louis Trudel ne ménage pas ses personnages : Sylvain a des journées bien remplies, la moitié du roman se passe en une journée ! De plus, les débuts de chaque chapitre sont bien intrigants. Quelques lignes en italique nous font suivre les péripéties d’un poisson, un néo-saumon, et il faut attendre jusqu’à la fin pour comprendre quel rapport ça a avec l’histoire !
Il s’agit donc d’un roman très prenant, qui pique la curiosité du lecteur. J’ai quand même certaines réserves. Comment croire que Sylvain soit si peu affecté par la disparition de ses parents ? Il y a surtout cette impression de déjà-vu un peu agaçante dont je ne pouvais me défaire, à la lecture d’Aller simple pour Saguenal. Comme si j’avais lu cette histoire dans un autre livre, se passant dans d’autres lieux, avec d’autres personnages, mais ayant le même scénario de base.
C’est une réserve, mais l’impression générale est plutôt favorable. Peut-être est-ce simplement que l’on trouve dans ce premier roman plusieurs éléments caractéristiques de la littérature de jeunesse (une écriture accessible, des personnages principaux adolescents, une enquête à mener, des suspects adultes, des rebondissements plus ou moins imprévus et un brin d’écologie, ce qui semble à la mode) et des éléments typiques des fictions de Trudel, à commencer par cette nuance de SF hard qui colore tout le roman… Le mélange est efficace.
Julie MARTEL