Jacques Foucher, Le Zoo hanté (Fa)
Jacques Foucher
Le Zoo hanté
St-Lambert, Héritage (Pour Lire), 1993, 120 p.
Maria, Benoît et Martin sont trois « bolles » à l’école, ce qui leur vaut non seulement d’être détestés par la bande à Max, mais aussi d’avoir leur photo dans le journal : c’est une récompense-surprise pour leur travail exceptionnel lors d’un projet spécial sur les animaux. Mais ce n’est pas la seule conséquence de ce travail. Le soir même, les trois amis reçoivent la visite d’animaux fantômes colorés.
Pour leurs parents, il ne s’agit bien sûr que d’un cauchemar. Mais pour grand-maman Estelle, qui est un peu sorcière, c’est tout à fait plausible : plusieurs années auparavant, un zoo était bâti à l’endroit où se dresse maintenant leur village. Mais une nuit, un incendie s’est déclaré par accident et les animaux ont tous péri. Ce serait donc leurs fantômes qui chercheraient à entrer en contact avec les jeunes, sans doute pour faire reconstruire le zoo.
Il n’en faut pas plus pour que les trois jeunes décident de récolter des preuves afin de convaincre le maire de l’existence des fantômes colorés. Ils ont bien l’intention de voir un jour le nouveau zoo de leur village.
Voilà une histoire assez classique, au fond. Dans le passé, une tragédie s’est produite et les habitants de la région – qui ont généralement tout oublié du drame – ont à subir les fantômes des victimes, qui ne peuvent reposer en paix tant que justice ne sera pas faite. Là où cette histoire se démarque par un peu d’originalité, c’est dans la nature de ces fantômes : les animaux auraient donc une âme, puisque l’on considère habituellement les revenants comme une manifestation de celle-ci…! En plus, les spectres sont colorés plutôt que blancs ou bleutés comme le sont normalement les fantômes. De plus, ils ne semblent pas chercher à communiquer de quelque façon que ce soit ; on se demande si les jeunes auraient su ce qu’ils voulaient si la grand-mère de Maria n’avait pas été un peu magicienne.
D’ailleurs, c’est ce qui agace dans ce roman. Tout est cousu de fil blanc – de TRÈS GROS fil blanc. Le policier est gaucher lorsqu’il est nécessaire qu’il attrape un voyou au lasso en conduisant une automobile ; la cassette vidéo est trimballée dans un sac de plastique d’une étanchéité à toute épreuve car elle se retrouvera éventuellement dans la rivière et il ne faut pas qu’elle soit abîmée ; la clef du caveau est cachée sous un tapis où les trois amis peuvent la trouver, car il faut bien que les bons arrivent à s’échapper de leur prison. Il y en a plein les chapitres, du début à la fin du roman. Ce n’est pas une bonne étoile qui veille sur les héros, c’est une galaxie entière !
Sans cela, Le Zoo hanté aurait pu s’avérer un petit roman très intéressant. Mais en refermant le livre, j’ai l’impression que l’auteur avait épuisé toute son imagination en créant ses animaux-fantômes et qu’il ne lui en restait plus assez pour faire en sorte que ses personnages se tirent eux-mêmes du pétrin. Dommage.
Julie MARTEL