Francine Pelletier, Le Septième Écran (SF)
Francine Pelletier
Le Septième Écran
Montréal, Paulines (Jeunesse-Pop #80), 1992, 154 p.
Dès les premières pages, quelques noms paraissent familiers au lecteur. Pas besoin d’être perspicace pour deviner que, si la mention d’Arialde et de la planète Arkadie déclenchent une activité cérébrale au niveau de la mémoire, c’est que Le Septième Écran s’inscrit dans le même monde que Mort sur le Redan et Le Crime de l’Enchanteresse. Mais pas de panique si vous ne les connaissez pas ! Inutile de vous précipiter chez le libraire, bien que ce serait une impulsion louable que je ne saurais trop vous recommander. Pour ma part, je n’avais pas lu L’Enchanteresse. L’auteure a prévu le coup : on trouve au début un chapitre intitulé « Pour vous situer, lecteurs » qui place le récit dans le temps et dans l’espace (c’est le cas de le dire…). De plus, tout au long du roman, les allusions au passé d’Arialde sont expliquées, sans recourir aux notes en bas de page. De toute façon, cette nouvelle aventure d’Arialde est bien assez intéressante en soi.
Cette fois, c’est un problème écologique qui entraîne la jeune Arkadienne dans des ennuis. Lors d’une fête, dans le cadre d’un congrès à la station spatiale Agora, Arialde voit des plumes d’oriflore en guise d’ornement dans la coiffure d’une femme. Or ces oiseaux, comme toute la faune d’Arkadie, sont protégés par la loi.
Avec un caméraman qui a heureusement filmé la scène, Arialde va porter plainte à la responsable de la sécurité à bord d’Agora. Mais la lieutenante Clairoux a bien d’autres chats à fouetter. Qu’à cela ne tienne, Arialde mènera sa propre enquête, avec son jeune frère Fédric. Initiative qui leur vaut un enlèvement et qui passe bien près de leur coûter la vie. Le plus étonnant c’est que personne, à la sécurité, n’a été témoin du kidnapping… à cause du fameux septième écran, apprendra-t-on à la toute fin.
Les événements échapperont à tout contrôle et ils auront pour Arialde des conséquences qu’elle n’aurait jamais pu imaginer. Jusqu’au dénouement, on craint le pire, en espérant que tout finira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais on reste médusé, car rien ne se passe comme prévu. Même si, en tant que lecteur, on se trouve à des siècles du récit et que rien ne menace notre propre sécurité, on sent nos paumes devenir moites et notre cœur battre un peu plus vite. C’est là que réside tout l’art de Francine Pelletier : nous faire partager l’angoisse des personnages en attente d’un dénouement, quel qu’il soit, et les sentiments mêlés qu’ils éprouvent.
Car Le Septième Écran n’est pas seulement un roman de science-fiction dans lequel un univers technologiquement avancé nous est présenté avec tout plein de détails vivants. C’est aussi un roman policier qui tient en haleine jusqu’à la conclusion… et un peu après. Par-dessus tout, c’est un roman faisant appel à la sensibilité et à la compréhension du lecteur. Le problème de l’exploitation d’espèces protégées ne nous est pas si étranger qu’il nous laisse indifférent. Pas besoin d’aller jusqu’à Arkadie pour y être confronté. Et la réaction d’Arialde ressemble à celle que nous voudrions tous avoir, si on nous en donnait l’occasion. Alors, l’espace de 150 pages, il nous est agréable d’être une jeune femme de dix-neuf ans qui n’a pas peur de faire ce qu’il faut pour affronter le problème, quelles qu’en soient les conséquences pour elle…
Julie MARTEL