Luc Pouliot, Le Voyage des chats (Fy)
Luc Pouliot
Le Voyage des chats
Montréal, Paulines (Jeunesse-Pop #79), 1992, 127 p.
Le titre nous amène à penser qu’il s’agit d’une histoire pour enfants. Ce qui n’est pas tout à fait faux, sans être vrai à tous les points de vue. L’histoire est certes enfantine : elle raconte les péripéties d’un peuple de félins exilés de leur territoire par les chiens, leurs ennemis.
Ces félins de toutes les espèces sont rassemblés sous l’autorité du roi Lyon et parcourent le monde à la recherche d’une terre où s’installer. Risé, un oiseau magique venu d’ailleurs, leur sert de guide. Mais le monde traverse une période difficile : une puissance maléfique est à l’œuvre et tous les animaux sont aux aguets. Le voyage des chats ne sera donc pas sans difficultés. Il y a d’abord ces yeux menaçants qui perturbent leur sommeil alors qu’ils sont en bateau, puis les mille pièges du continent sauvage, et les éléphants qui ne leur viennent en aide que pour se débarrasser d’eux.
Ensuite, l’histoire se sépare en deux. Comme il l’avait annoncé dès le début, Risé part de son côté et laisse les félins atteindre seuls le pays qu’il leur a trouvé, car son destin à lui est d’affronter une fois pour toutes l’entité qui terrorise le monde. Les deux histoires livreront, avant la fin, leur lot de surprises et d’embûches à surmonter.
Le point fort du roman est la fin, sans l’ombre d’un doute. Intéressante, parce qu’inattendue et surprenante, elle se démarque du reste de ce roman aux péripéties plutôt simples. Il faut au lecteur beaucoup de patience, car l’histoire ne « lève » vraiment qu’au milieu du livre. Avant, la trame est un peu décousue et se perd dans des détails insignifiants. Peut-être pour dissimuler les informations destinées à se révéler cruciales, l’auteur raconte quantité de faits sans importance, qui apportent peu à l’histoire. Le roman s’en trouve moins intéressant qu’il aurait pu l’être.
Mais ce n’est pas le principal problème du Voyage des chats. On s’habitue même à la simplicité souvent désarmante des personnages ; si ce n’était que de cela, il s’agirait d’un livre tout à fait charmant. Le problème, c’est plutôt la façon dont le livre est écrit : elle ne me paraît pas convenir aux enfants, le vocabulaire est beaucoup trop ardu. À part des enfants précoces désirant à tout prix étendre leur vocabulaire, il est probable que la panoplie de mots à chercher dans le dictionnaire rebutera ceux et celles qui pourraient apprécier l’histoire.
(N.D.L.R. : La couverture de ce roman a été illustrée par notre collègue Mario Giguère.)
Julie MARTEL