Johanne Massé, Contre le temps (SF)
Johanne Massé
Contre le temps
Montréal, Paulines (Jeunesse-Pop), 1987.
J’attendais avec impatience la parution du second roman de Johanne Massé, Contre le temps. Son premier, De l’autre côté de l’avenir m’avait plu malgré ses grandes faiblesses, entre autres au niveau des personnages auxquels il manquait de la profondeur. Et puis, surtout, je devinais là une auteure pleine de potentiel, mais j’étais déçue qu’elle n’ait pas exploré toutes les pistes qui se dessinaient dans De l’autre côté de l’avenir.
Cette fois, pas de déception. Contre le temps est un roman vif, je dirais presque visuel. On se croirait transporté dans une production de la Lucasfilms… Le propos ? Les deux passagers d’un vaisseau de promenade australian sont enlevés et gardés en otages par des extraterrestres, les Orissiens. La rançon réclamée : envoyer une mission australianne dans le passé pour sauver deux Orissiens perdus sur Terre à la veille de la grande catastrophe. Il s’agit bel et bien d’une course Contre le temps ! Les personnages, enfin, ont acquis une certaine dimension qui fait oublier ce qu’ils étaient (ou justement ce qu’ils n’étaient pas) dans De l’autre côté de l’avenir. Les personnages existent, par leur passé, leurs espoirs, leurs regrets ou leurs défauts. Samuel, par exemple, qui était presque inerte dans le premier roman, est ici obsédé par un sentiment de culpabilité.
Quelques clichés propres aux romans d’action viennent bien sûr tempérer mon enthousiasme. L’ombre d’Indiana Jones plane sur la poursuite entre une voiture et un camion. Mais l’écriture de Johanne Massé est toujours pleine de nuances, lavais admiré, dans De l’autre côté de l’avenir le fait qu’elle ne condamnait ni ne valorisait aucune des deux sociétés décrites, soit la Terre de 1995 et les Australians de l’avenir. Encore une fois, personne n’est ici entièrement bon ou mauvais. Les Orissiens, qui fuient leur propre société guerrière, ont causé la-mort de quelques Australians en usant du terrorisme. Mais ils sont poussés dans leurs actes par une nécessité vitale : sauver les leurs, mis en danger accidentellement par les Australians. De la nuance, donc, dans le portrait des uns et des autres. De l’action aussi, et des idées.
Décidément, si Johanne Massé s’améliore ainsi à chaque nouveau roman, je me demande bien ce que sera le prochain !
Francine PELLETIER