Louis Sutal, Menace sur Montréal (SF)
Louis Sutal
Menace sur Montréal
Sherbrooke, Paulines (Jeunesse-Pop, n˚ 9), 1972, 123 p.
Évadé de la planète Err-Hêt, un savant fou nommé Ouir-Ouill assoiffé de puissance va se réfugier sur la Lune. François et Paul, les deux paysans de la Nouvelle-France qui, trois siècles plus tôt, avaient suivi les hommes verts sur leur planète, sont envoyés à la poursuite du fuyard, en compagnie d’Eksk-Hiz, une Err-Hêtienne. Attirés dans les profondeurs de la Lune par une ruse de Ouir-Ouill, ils s’entendront raconter que l’astre est un immense satellite artificiel à bord duquel les habitants d’une lointaine galaxie étaient venus s’établir dans notre système solaire, avant d’être exterminés par une guerre civile et une épidémie. Ouir-Ouill, seul survivant de son peuple, projette de conquérir et de dominer la Terre. Ayant désarmé le savant au moment où il s’apprêtait à détruire Montréal, les trois héros découvriront que l’histoire du vieil homme n’était qu’une mise en scène.
Ici encore, le thème du roman ne brille pas par son originalité : on compte par dizaines les savants fous ayant projeté de conquérir la Terre. L’histoire de la lune creuse ayant servi à un exode massif avait un peu plus d’envergure, mais l’auteur s’empresse de nous rassurer : ce n’étaient que racontars et mise en scène.
La présence de François et de Paul est difficilement défendable : comment des paysans du XVIIe siècle se sont-ils si bien adaptés à une technologie supérieure ? Apparemment cela va de soi, et Sutal se garde bien de donner ne fût-ce que l’esquisse d’une dimension psychologique à son roman en abordant cette question. L’histoire étant aussi quelconque, il faut quand même souligner par rapport à la précédente un effort pour étoffer l’intrigue de quelques détails et péripéties. Elle est donc un peu mieux menée et un peu plus intéressante que La Boule de feu. L’histoire finit par un mariage, et par la disparition du savant fou. Les données scientifiques laissent à désirer : le processus de « dépigmentation » est tout à fait simpliste. La panoplie ordinaire est utilisée : pistolets paralysants, désintégrants, ceintures propulseurs, etc. Le style s’est un peu amélioré, quoique sans atteindre une grande qualité. Les illustrations, celles de la couverture et celles de l’intérieur, sont plus pertinentes. En somme, un roman moins pire que La Boule de feu mais qui ne s’élève guère au-dessus de la moyenne. POUR LES 10-14 ANS
Alain LORTIE